Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Exécutif et syndicats au chevet de l’emploi
Hier, s’est tenue une réunion à l’Elysée pour plancher sur des solutions face à la crise afin de préserver le marché du travail. L’aide à l’embauche des apprentis sera fortement augmentée
Emmanuel Macron et Edouard Philippe ont réuni, hier, syndicats et patronat en quête de solutions pour « sauver l’emploi », durement touché par la récession liée à la crise du coronavirus, l’exécutif misant en parallèle sur le déconfinement en cours pour relancer l’activité. « L’enjeu », a souligné la ministre du Travail Muriel Pénicaud à l’issue de la réunion, c’est de « bâtir une nouvelle donne » pour préserver les compétences des salariés.
Coup de pouce à l’apprentissage
Parmi les annonces faites à l’issue de cette rencontre de près de trois heures avec les partenaires sociaux – la première en « présentiel » depuis le début de la crise : les entreprises qui recruteront un apprenti du 1er juillet au 28 février bénéficieront d’une aide élargie à l’embauche de 8000 pour les majeurs et 5 000 pour les mineurs. Alors que cette aide est, aujourd’hui, réservée aux entreprises de moins de 250 salariés et pour des diplômes au niveau inférieur ou égal au bac, le dispositif sera élargi jusqu’au niveau de la licence et à toutes les entreprises, ce qui représentera « un coût supplémentaire supérieur à un milliard d’euros », selon l’entourage de la ministre.
Réforme de l’assurance-chômage
Autre point sur lequel l’exécutif était très attendu : la réforme contestée de l’assurance-chômage. Des discussions sur ce sujet vont s’ouvrir « dans les semaines qui viennent » avec les organisations syndicales et patronales en vue de parvenir à des décisions « d’ici à l’été », a annoncé la ministre du Travail dans la cour de l’Elysée. Ces échanges permettront de s’accorder sur « les critères ou les mesures à adapter pour tenir compte du contexte » de la crise, de même que sur la date d’application, a-t-on indiqué au ministère du Travail. Alors que toutes les organisations syndicales réclament l’annulation de cette réforme, dont le deuxième volet a été reporté au 1er septembre à cause de la crise, « les choses sont très, très ouvertes sur l’assurance-chômage », a précisé le ministère. Les revendications syndicales (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa) et patronales (Medef, CPME, U2P, FNSEA) ont été nombreuses, voire divergentes, alors que les indicateurs macroéconomiques sont tous au rouge : le gouvernement anticipe une chute du PIB de 11 % cette année en raison du « choc économique extrêmement brutal » provoqué par l’arrêt quasi total de l’économie. Plus de huit millions de personnes sont au chômage partiel et plus de six millions de demandeurs d’emploi ont été comptabilisés par Pôle emploi en avril, du jamais vu en France. Et la situation devrait s’aggraver : mardi, Muriel Pénicaud a anticipé que la France « repasserait les 10 % » pour le taux de chômage, contre 8,1 % avant l’épidémie. Boussole de l’emploi, le secteur de l’intérim a plongé de 61 % en avril, selon des chiffres publiés, hier, par la fédération des entreprises du secteur.
Appel à la mobilisation dans les hôpitaux
Par ailleurs, plusieurs syndicats (CGT, FO, SUD, Unsa) et collectifs hospitaliers (Inter-Urgences, Inter-Hôpitaux) ont appelé, hier, à une journée d’action nationale le 16 juin pour réclamer notamment des moyens supplémentaires et une revalorisation générale des salaires, en plein « Ségur de la santé » lancé par l’exécutif pour concrétiser le plan massif d’investissement et de revalorisation annoncé par Emmanuel Macron fin mars. Sans attendre, des soignants se sont de nouveau rassemblés par centaines, hier, devant des hôpitaux.