Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Myriam Boceiri repart au combat

Ancienne championne de judo, la Seynoise s’attaque aujourd’hui aux droits à la retraite des sportifs de haut niveau de « seconde zone », avec le soutien de grands noms du sport français

- FANNY ROCA

Tout est parti d’un constat. Un constat que Myriam Boceiri, championne de France de judo en 1995, aujourd’hui chargée de mission sport, citoyennet­é et espaces urbains à la mairie de La Seyne, a dressé, en discutant avec Angélique Lamy, professeur de français après des années à faire briller les couleurs tricolores sur les tatamis nationaux, elle aussi. Alors que la réforme des retraites est dans toutes les bouches et de toutes les revendicat­ions, les deux quarantena­ires évoquent leur statut particulie­r. Cette dizaine d’années à sillonner les couloirs de l’Insep, exclusivem­ent concentrée­s sur les entraîneme­nts, la performanc­e et leur carrière sportive. Jeunes, passionnée­s. Et évidemment à mille lieues de toutes ces préoccupat­ions qui les rattrapent aujourd’hui. « Notre reconversi­on et notre entrée dans le monde du travail ont forcément été tardives, indique ainsi Myriam Boceiri.

Jusqu’à 30-35 ans, on n’avait pas de contrat de travail. On n’a jamais cotisé. Pour toucher une retraite à taux plein, il faudra donc atteindre un âge canonique. »

« Pour nous, c’est la double peine »

La Seynoise d’adoption ne veut pas se plaindre. Ni faire preuve de jalousie vis-à-vis des régimes spéciaux, «par exemple pour les danseurs de l’Opéra de Paris, qui peuvent prendre leur retraite à 42 ans, ou encore les intermitte­nts du spectacle, qui bénéficien­t d’un régime d’indemnisat­ion particulie­r, destiné à compenser l’irrégulari­té et les courtes durées de leurs contrats ». Il ne s’agit ni de comparer, ni de dénoncer. Simplement de réclamer son dû, au même titre que ces cas bien particulie­rs. De défendre cette grande « corporatio­n », principale­ment issue de sports individuel­s olympiques, où ne figurent pas, « loin de là, que des stars internatio­nales avec des salaires mirifiques ». Et de faire reconnaîtr­e « cette injustice, pour nous sportifs de ‘‘seconde zone’’, qui avons grandi dans l’ombre des numéros un, et pour qui il n’y avait ni bourse d’étude, ni contrat de travail. » Certes, reconnaît volontiers Myriam Boceiri, le rapport

Karaquillo de 2015, qui a débouché sur une loi encadrant l’accompagne­ment des sportifs de haut niveau pendant leur carrière et leur reconversi­on, et apporté une sécurité sur le plan juridique et social à ces sportifs et aux salariés du sport, constitue « une avancée majeure pour la nouvelle génération, celle d’après 2012. Et c’est génial pour eux ! Mais pour nous, c’est la double peine. On est une génération oubliée et sacrifiée. » Voilà pour le constat. Et voilà comment a germé l’idée de rédiger une pétition adressée à la ministre des Sports, Roxana Maracinean­u, sous forme de lettre ouverte et qui a jusque-là recueilli plus de 4 000 signatures, parmi lesquelles de prestigieu­x patronymes du paysage sportif français (lire ci-dessous).

Auditionné­e au Sénat

Voilà aussi comment Myriam Boceiri a attiré l’attention de l’Union nationale des sportifs de haut niveau (UNSHN), seul syndicat dédié, particuliè­rement intéressé par les réflexions de l’ancienne judokate. Et s’est ouvert d’autres portes, obtenant notamment « l’oreille attentive » du sénateur Savin, en charge du sport, qui a invité la Seynoise à venir exposer ses revendicat­ions à Paris en mars dernier. Satisfaite de l’entrevue, Myriam attend désormais d’être à nouveau auditionné­e. Et s’est aussi découverte une forte envie. Celle de collaborer avec l’UNSHN et d’en fonder une antenne varoise « pour informer, accompagne­r, protéger et représente­r les sportifs, anciens et actuels » Le combat, bien loin des tatamis, cette fois, ne fait que commencer! 1. Pour retrouver le texte intégral de la pétition : www.change.org/p/madameroxa­na-maracinean­u-retraite-dessportif­s-de-haut-niveau 2. Cette antenne s’adresse aux fédération­s, comités régional et départemen­tal olympique et sportif, ainsi qu’à tous les sportifs, qui peuvent contacter Myriam Boceiri au 06.61.82.00.92.

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(Photo DR) En mars dernier, la Seynoise Myriam Boceiri, ancienne judokate de haut niveau, a été reçue au Sénat, où elle a pu exposer ses revendicat­ions.
 ?? (Photo AFP) ?? Thierry Vigneron en partant de la gauche, ici sur le podium des JO de Los Angelès) a signé la pétition de Myriam Boceiri.
(Photo AFP) Thierry Vigneron en partant de la gauche, ici sur le podium des JO de Los Angelès) a signé la pétition de Myriam Boceiri.
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