Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
La télémédecine intronisée
Présentée depuis des années comme la réponse aux problématiques de déserts médicaux et d’accès aux soins, la télémédecine peinait à prendre son envol. Le Covid-19 l’a aidé à décoller. Et elle devrait désormais s’installer
Le confinement a fait exploser, sans surprise, le nombre de téléconsultations médicales en France. En l’espace d’un mois, le nombre de Français ayant fait appel à la téléconsultation a été multiplié par quinze pour atteindre plus de 600 000 personnes. C’est ainsi qu’en quelques semaines, cette pratique, très ancienne en réalité, mais qui souffrait jusque-là de plusieurs formes de réticences à l’usage (lire interview ci-dessous) est ainsi devenue, en quelques semaines, un outil incontestable de lutte contre la diffusion du virus. Elle a en effet permis d’établir des diagnostics de Covid-19 à distance, sans nécessité de déplacement. Elle a aussi bénéficié aux malades chroniques, population particulièrement vulnérable vis-à-vis de cet agent pathogène nouveau, menacés du fait du confinement, de rupture dans leur prise en charge.
Des atouts majeurs
L’explosion du nombre de téléconsultations témoigne aussi d’un engagement massif des médecins dont un certain nombre a découvert la pratique à l’occasion de cette crise. La télémédecine estelle définitivement installée parmi les pratiques courantes ? Difficile de répondre à cette question. Plus simple est de présenter les atouts de cette pratique en termes d’accès aux soins. La télémédecine permet d’ouvrir l’accès à des médecins avec un haut niveau d’expertise médicale – mais mal répartis sur le territoire — à des populations isolées. Elle pourrait également pallier les effets néfastes de la baisse continue de la démographie médicale : confrontés aux délais d’attente pour consulter un médecin et à la raréfaction des heures médicales disponibles, les Français seraient nombreux à renoncer à se faire soigner. Avec parfois de graves conséquences, comme l’aggravation d’un problème de santé au départ bénin. Tout le monde est d’accord sur un point : la télémédecine n’a pas vocation à se substituer à la nécessité des examens cliniques pour de nombreuses pathologies, ni au suivi médical et aux métiers essentiels de la médecine de ville et hospitalière. Mais personne ne saurait nier qu’elle est aussi un moyen de maintenir le lien lorsque celui-ci est empêché ou rompu.