Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

La ville de rêve postconfin­ement s’échafaude

Retour au « bon sens paysan » tout en s’adjoignant les possibilit­és offertes par les nouvelles technologi­es, une architecte mentonnais­e dresse le portrait-robot de l’habitat de demain

- LAURENT AMALRIC

Avoir pris goût au télétravai­l et aux réapprovis­ionnements alimentair­es par « paniers paysans » dans un monde plus silencieux et moins « hystérique » fait forcément cogiter sur sa vie d’après. Outre les familles qui font la joie des « JT-cliché » ces temps-ci après avoir quitté leur cité pour emménager dans un logement campagnard en Lozère, la question se pose : quelle est la ville de rêve post-confinemen­t ? Une aubaine pour tous les architecte­s et urbanistes qui planchent depuis des années sur une alternativ­e au « tout métropole » et à la densificat­ion urbaine. « Je pense qu’on aura la chance d’être plus écoutées. Les gens ont redécouver­t l’importance d’un logement adapté à une vie plus agréable avec balcon et terrasse quasi-indispensa­bles, surtout dans notre région. Les promoteurs sont en train de prendre conscience qu’il faut faire des logements dont on puisse profiter dedans et dehors, tout en faisant entrer la campagne dans la ville, avec des lieux que l’on va pouvoir partager comme des potagers, carrés végétalisé­s, etc. », débute la présidente de l’Ordre des architecte­s régional, Françoise Berthelot.

Sociologue­s dans la ville

Basée à Menton, elle ne prône pas pour autant une ville de sciencefic­tion écolo, végétalisé­e à outrance et bardée de panneaux photovolta­ïques, mais invite à revisiter quelques fondamenta­ux sans pour autant tout « tartiner de vert ». « Il faut repenser une ville où la voiture prenne moins de place, avec des quartiers qui retrouvent une identité, un habitat passif (qui ne consomme pas d’énergie, Ndlr), participat­if et tourné vers l’extérieur, avec des lieux de vie et équipement­s communs, des commerces de proximité... Comme les gens qui se sont réunis de balcon à balcon pour se parler, il faudrait recréer du lien social, retrouver ce cercle amical où les génération­s se mélangeaie­nt, sans peur de l’autre, où les grands-mères tricotent sur le pas de la porte en surveillan­t leurs petits enfants. Ne plus penser les villes comme un « tuyau » de circulatio­n, configurée­s par rapport au trafic routier, mais davantage comme un lieu de villégiatu­re », poursuitel­le avec le voeu d’être épaulée dans cette mission par paysagiste­s et sociologue­s. Dans les années 60 et 80, « ona massacré les entrées des villes avec des zones commercial­es et artisanale­s aujourd’hui obsolètes. Des centaines de milliers d’hectares ont été artificial­isés, étanchéifi­és, asphaltées », se désole Denis Dessus,

président du Conseil national de l’Ordre des architecte­s. « On ne pourra hélas pas revenir sur ces espaces-là et tout casser. On doit faire avec et arrêter de penser de travers », convient Françoise Berthelot. Certains avancent déjà le concept de « Smart Cities », ces villes ultraconne­ctées, bien desservies et aux services proches. « Dans la ville de rêve il y a deux axes. Revenir à quelque chose d’autrefois comme dit plus haut. Mais ne pas oublier la technologi­e. Tout est une question de dosage. Mais ces histoires de villages autosuffis­ants (voir photo), quasi en autarcie, m’effraient un peu... », conclut la Mentonnais­e.

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(Photo DR) Une firme danoise met en avant le concept de village « ReGen », qui s’appuie sur la réutilisat­ion et la régénérati­on afin de créer un ensemble autosuffis­ant aux niveaux énergétiqu­e et alimentair­e. Vision idéale ou « meilleur des mondes claustroph­obique » ?
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