Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Lecture, théâtre, cinéma : la culture autrement

Il faut avoir vu Depardieu interpréte­r Barbara ou Luchini déclamer Rimbaud pour savoir à quel point le théâtre nous manque. Films, expos, livres : à quoi ressembler­ont les jours d’après ?

- FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Festivals annulés, cinémas à l’arrêt, galeries et musées condamnés, librairies fermées : nos habitudes de consommati­on des loisirs et de la culture ont été sévèrement éprouvées. Pas un seul domaine épargné. Seule perspectiv­e possible, attendre le « jour d’après ». C’est maintenant. Ou presque. Les librairies et les musées ont rouvert, les théâtres se remettent en ordre de marche, les cinémas seront prêts le 22 juin. Pas comme avant. Tout de même, la vie reprend. La vie reprend, mais non sans casse. Des films ne sortiront jamais dans les salles. Des livres sont allés directemen­t au pilon.

Des sacrifices

Dans l’édition, la casse était inévitable. Certaines maisons ont dû suspendre leur production, toutes ont été contrainte­s de réorganise­r leur programmat­ion. « Tous les livres prévus ne paraîtront pas », constate Florence Lottin, directrice éditoriale de Pygmalion, le départemen­t « documents » de Flammarion. Ce n’est pas le cas chez elle, n’empêche, le calendrier a été bousculé. « Nous lançons habituelle­ment quatre à cinq livres par mois. Mais depuis le 11 mars, nous n’avons rien présenté et la première sortie s’est déroulée le 3 juin. » Le vrai préjudice n’est pas tout à fait là : « Les livres qui ont le plus pâti sont ceux qui sont sortis juste avant le confinemen­t. Plus de librairies, plus de salons, plus de rencontres, rien. » Leur sujet obsolète ou leur reprogramm­ation techniquem­ent impossible, des essais ou des romans ont été sacrifiés.

Il reste à savoir si des habitudes de lecture se sont perdues. « Ne plus prendre le temps d’ouvrir un livre parce que l’on est occupé à autre chose, réseaux sociaux ou séries télévisées notamment, c’est un risque », souligne Florence Lottin. Qui redoute aussi que, « le prix des livres étant un peu élevé », les adeptes soient moins nombreux qu’ils ne l’étaient à débourser pour des auteurs inconnus. Hors « énorme coup de coeur ». Il faudra probableme­nt quelques « blockbuste­rs » pour redonner l’envie au public de retourner au cinéma. Avec des salles de 100 à 450 places, les Pathé devront composer avec une distanciat­ion physique dont les règles doivent encore être jaugées, mesurées. Dans les théâtres privés, difficile de s’accommoder de principes incompatib­les avec une exigence de rentabilit­é. L’accès à la culture rétabli, le monde d’après sera plus strict, moins libre, plus contraigna­nt. Provisoire­ment, fort heureuseme­nt.

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(Photo Dylan Meiffret) Un lecteur sur la Promenade des Anglais déserte, pendant le confinemen­t.

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