Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« Il ne faut pas que les gens aient peur de revenir »

- PROPOS RECUEILLIS PAR CÉLIA MALLECK

Le 2 juin, les théâtres situés en zone verte ont eu le droit de rouvrir, à condition de respecter les conditions sanitaires. Au théâtre national de Nice, fermé depuis trois mois, la directrice a anticipé. Faute de pouvoir sauver la programmat­ion 20192020, elle a inventé le TNN de demain. En trois actes, Muriel Mayette-Holtz compte redonner une âme à son centre dramatique. Et ramener l’art vivant dans la ville.

Quel est l’avenir de la culture dans le monde de demain ?

Pendant le confinemen­t, la culture nous a manqué pour chercher des rêves et rencontrer l’autre. Le spectacle vivant est basé là-dessus, sur les émotions partagées. Cette rencontre doit avoir lieu. C’est d’ailleurs pour ça qu’on a pensé faire des spectacles gratuits du er juillet au  août, en partenaria­t avec la Ville de Nice et Passionném­ent TNN.

Parlez-nous de ces spectacles gratuits…

Tous les soirs, à  heures, on proposera sur la promenade du Paillon un spectacle d’une heure, ouvert à tous. Ce sont Les Contes d’apéro. Il y aura des lectures, des marionnett­es, de la danse et une mini-trilogie de Goldoni. Du  au  août, je mettrai en scène Le Jeu de l’amour et du hasard, de Marivaux, à la colline du château. Je suis en train de voir avec la mairie de Villefranc­he pour le jouer aussi à la citadelle. J’aime bien l’idée du théâtre qui se promène.

Comment faire pour répéter et jouer, en respectant une distance d’un mètre ?

L’extérieur résout pas mal de problèmes sur les questions de proximité et de distance. Le théâtre est un art vivant. Quand on joue, le corps est en action. On postillonn­e, on sue, on exulte. L’extérieur permet aux acteurs de jouer espacés les uns des autres et du public. Le projet de déménager le TNN à l’église des Franciscai­ns aussi répond à la problémati­que. Il y a une belle hauteur sous plafond. On peut aussi plus facilement se déplacer et espacer les sièges qui, dans un théâtre à l’italienne, ne sont pas facilement amovibles. Et puis, l’écriture théâtrale, plus elle a de contrainte­s, plus elle peut se réinventer.

La saison a été annulée. Comment programmer la nouvelle ?

Ce qu’on a vécu est unique. Cela nous a montré qu’il fallait être plus adaptable. J’ai imaginé trois coups de théâtre autour du thème de l’Europe de la Méditerran­ée. Cet été, nous allons proposer des spectacles gratuits et en plein air. Cet automne, nous jouerons des créations au TNN, à des tarifs assouplis. Nous ouvrirons la période fin septembre avec Les Parents terribles de Jean Cocteau. En décembre, on reprendra une saison normale mais ambitieuse avec une mise en scène de Goldoni.

Vous n’avez pas peur que le public fuie des espaces confinés ?

Il ne faut pas que les gens aient peur de revenir. Tout ce que j’ai préparé, c’est pour leur faire plaisir. La culture nous permet de remplir le temps, de rêver... Je suis sûre que le public sera fidèle.

 ?? (Photo Eric Ottino) ?? « Tout ce que j’ai préparé, c’est pour leur faire plaisir », confie Muriel Mayette-Holtz, directrice du théâtre national de Nice.
(Photo Eric Ottino) « Tout ce que j’ai préparé, c’est pour leur faire plaisir », confie Muriel Mayette-Holtz, directrice du théâtre national de Nice.

Newspapers in French

Newspapers from France