Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

À Nice, son deuxième confinemen­t

- F. L.

Des souvenirs brûlants rattachent Le Clézio à Nice, la ville qui l’a vu naître et où il a grandi dans les dernières années de la guerre. Lors d’une interventi­on à l’Opéra, en 2018, son plaidoyer en faveur des migrants avait secoué les conscience­s. «On ne m’en a fait aucun reproche. Je pense qu’ici, on est conscient de l’importance de l’arrière-pays comme réservoir de morale et de bonne conduite. À plusieurs reprises, pendant la guerre mais en d’autres occasions aussi, les gens de Saint-Martin-Vésubie ou de SaintEtien­ne-de-Tinée, ont eu affaire à des personnes en situation de détresse qu’ils ont aidées. Comme nous avons nous-mêmes été aidés par les gens de Roquebilli­ère qui nous ont protégés quand, étant britanniqu­es puisqu’originaire­s de l’île Maurice, nous étions sous la menace. » Ses racines le relient aussi à l’Océan Indien et à la Bretagne, région à laquelle il vient de consacrer un livre, Chanson bretonne, réunion de deux textes aux éditions Gallimard. À Nice, J.M.G. Le Clézio est discret. « Je me promène beaucoup à vélo. J’aime suivre la Promenade des Anglais, presque jusqu’à l’aéroport, ou explorer les rues et ruelles en me déguisant un peu en touriste. Je crois qu’il n’y a aucune ville au monde que je pourrais connaître mieux que Nice. » Plus surprenant, Le Clézio se rappelle avoir été proche de Ben : « J’ai même vendu des disques dans sa boutique de la rue Tondutide-L’Escarène. » Martial Raysse et Sacha Sosno ont également fait partie de son entourage. « Pour moi, Nice est une ville intellectu­elle, pas une ville de plaisirs. La vraie Nice n’est pas donnée si aisément. Plutôt secrète, contrairem­ent à ses décors facilement accessible­s. » Lui reviennent les souvenirs du port où, enfant, il descendait sur les quais pour courir entre les ballots de chêne-liège débarqués de bateaux en provenance du Maroc ou de l’Algérie. « Sentir l’odeur du voyage, c’était merveilleu­x. » Son deuxième confinemen­t, c’est ici qu’il l’a traversé. Un satisfecit : «Je pense que le maire de Nice a fait un bon travail de gestion de crise. Le couvre-feu et le port du masque, notamment, bien respectés par les gens, ce qui n’a pas été le cas partout. » Le Clézio, « casanier », a relu Camus, Defoe et Le Goff. Et écrit : « Un essai sur la poésie chinoise et je continue un roman sur une forêt du centre de la France. »

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