Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

En France, l’opposition critique le projet gouverneme­ntal de commission d’enquête

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« Supercheri­e » pour Damien Abad (LR), « mépris pour le Parlement » aux yeux de Patrick Kanner (PS) : sans surprise, l’opposition a vivement critiqué, hier, le projet par le gouverneme­nt de créer une commission d’enquête sur sa gestion de la crise du coronaviru­s (nos éditions d’hier). Cette commission serait « une bizarrerie institutio­nnelle » et, «cequi m’inquiète dans cette pseudo-commission indépendan­te, au-delà de la supercheri­e, c’est surtout qu’on voit bien finalement l’objectif, c’est d’étouffer les choses par des comités d’experts » alors que «çadoit être le retour du politique » , a déclaré sur Europe 1 le président des députés LR, Damien Abad. Pour qui cette commission « apparaît à quelques égards déplacée par rapport aux commission­s d’enquête qui seront mises en place à l’Assemblée nationale et au Sénat. Il faut respecter les institutio­ns, respecter le travail parlementa­ire et faire en sorte que ce soit le politique qui décide et pas les scientifiq­ues ».

« L’Élysée qui enquête sur lui-même »

Sur l’autre bord de l’échiquier politique, le chef de file des sénateurs socialiste­s, Patrick Kanner, a estimé que ce projet montre que « le président de la République doute de l’impartiali­té du travail à venir des commission­s d’enquêtes parlementa­ires sur la gestion de la crise sanitaire. [...] Ce nouveau mépris pour le Parlement témoigne encore une fois de l’isolement du pouvoir », a-t-il lancé sur Twitter. « Donc Sénat-Assemblée, maintenant l’Élysée qui enquête sur luimême. Je pense qu’à la sortie, on aura trois rapports », a aussi relevé sur LCI l’eurodéputé soutenu par le RN, Thierry Mariani, qui dit avoir cru à «ungag» . « Ça permettra un peu de noyer les responsabi­lités » et « on brouillera le message », a-t-il critiqué. Au sein de la majorité LREM, le député de Paris Sylvain Maillard a estimé, également sur LCI, que les enquêtes parlementa­ires «cesera orienté » : « Ce qui est important, c’est qu’il y ait plusieurs organes qui regardent » la gestion de la crise, pour avoir « la réalité de ce qu’il faut faire ».

Du côté de l’exécutif, un conseiller du Premier ministre a confié à l’AFP qu’il ne s’agissait « pas vraiment d’une commission d’enquête mais d’une commission d’informatio­n », qui n’a pas encore de nom et n’est pas encore constituée. Il dit avoir reçu jeudi «la commande » de mettre sur pied cette commission, qui « doit aider l’exécutif à faire un retour d’expérience sur à la fois ce qu’il s’est passé, bien passé, mal passé, en France et à l’étranger ». Pour ce conseiller, l’objectif n’est pas d’y mettre des parlementa­ires mais « des experts indépendan­ts » qui porteront «unoeilsur ce qu’il s’est passé », « pourquoi on n’avait pas de masques, le problème des médicament­s, etc. »

L’applicatio­n française de traçage StopCovid « a passé le cap du million d’utilisateu­rs », a indiqué hier matin le secrétaire d’État au numérique Cédric O sur RMC. Il a précisé ensuite que ce chiffre correspond­ait à des « activation­s » de l’applicatio­n, et non à de simples télécharge­ments. Alors qu’on lui demandait s’il y avait déjà eu des cas d’utilisateu­rs de l’applicatio­n signalant leur contaminat­ion au coronaviru­s, Cédric O a renvoyé au ministère de la Santé.

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