Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
L’heure du procès pour le maire de Sanary
Fraîchement réélu, Ferdinand Bernhard se prépare à comparaître pendant trois jours à Marseille. Il est soupçonné d’atteintes à la probité, dans l’exercice de ses fonctions
Le dossier judiciaire est ancien, puisqu’il remonte au début des années 2010. À partir de lundi, le maire de Sanary Ferdinand Bernhard, chirurgiendentiste de 68 ans, comparaîtra devant la 6e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Marseille. Récemment réélu, dès le premier tour, le maire en exercice devra se défendre de plusieurs griefs, dont prise illégale d’intérêt, détournement de fonds publics et favoritisme.
Solides inimités
Encore incertaine il y a un mois pour cause de crise sanitaire, l’audience a finalement été maintenue comme prévu. Elle doit durer trois jours. Ce qui est attendu est le dénouement judiciaire de plusieurs affaires qui ont défrayé la chronique, localement. Et entretenu à Sanary de solides inimités, jusque dans le conseil municipal, où l’une des parties civiles, à l’origine de la procédure, est aujourd’hui conseiller d’opposition.
Volet urbanisme
L’affaire s’est ouverte en 2010 avec le signalement par un administré sanaryen d’un projet immobilier personnel du maire qui souhaitait faire construire plusieurs maisons d’habitation sur une parcelle de terrain qu’il venait d’acheter en situation d’enclave. Cet épisode « constituera en réalité une succession d’amalgames entre des intérêts, ou des moyens publics, et des fins privés », ont considéré les juges d’instruction Fabrice Naudé et Pierre Philipon dans leur ordonnance de renvoi, fin 2018. Le maire Ferdinand Bernhard s’était défendu au motif qu’on ne pouvait lui « reprocher d’avoir voulu sécuriser au maximum sa demande de permis de construire ». Sa défense justifiait qu’il puisse faire usage « comme chaque citoyen de son droit de consulter les services municipaux, en l’espèce le directeur des services techniques de la ville ». La promotion d’une contrôleuse de gestion, passée collaboratrice de cabinet, avec un salaire doublé, puis directrice générale des services
(DGS), relevait du « même amalgame que précédemment relevé », notaient les juges. Sur la période, le maire entretenait une relation intime avec elle. Cette femme est également prévenue au procès, poursuivie pour recel de prise illégale d’intérêt et recel de détournement de fonds. « Éviter d’engendrer des frais importants pour la collectivité » était le souhait de Ferdinand Bernhard, en décidant de la deuxième promotion, sur le poste de DGS, celle-ci n’ayant pas entraîné une hausse de rémunération.
Les autres dossiers
Un ancien conseiller du maire devra répondre d’un
marché public dont il a bénéficié (recel de favoritisme). Un autre volet concerne « l’usage permanent assumé, voir revendiqué par Ferdinand Bernhard du véhicule communal mis à sa disposition, en violation des textes applicables, avec cartes de péage et de carburants afférentes ». L’intéressé estimant au contraire avoir « préservé les deniers publics en renonçant au coûteux usage d’un véhicule de service avec chauffeur », vu que « seuls quelques rares déplacements personnels correspondent à des motifs personnels. » Un dernier grief porte sur l’attribution d’un autre marché public (rédaction du bulletin municipal). Au soir du premier tour des