Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Intolérant ou hypersensible au gluten, quelle différence ?
Soins Ils présentent les mêmes symptômes, soulagés par un régime sans gluten : mais selon qu’ils sont intolérants ou seulement hypersensibles, ces patients n’ont pas les mêmes risques
Elle n’est pas si courante : la maladie coeliaque, ou intolérance au gluten, est même une maladie auto-immune plutôt rare, puisqu’elle touche « seulement » 0,7 à 2 % de la population générale dans le monde occidental. Mais elle est souvent confondue avec une affection beaucoup plus fréquente : l’hypersensibilité au gluten. « On retrouve les mêmes symptômes – douleurs abdominales, diarrhées et ballonnements – et dans les deux cas, un régime sans gluten permet de les éliminer » explique le Dr Marie-Pascale MerckyPouget, gastro-entérologue au centre hospitalier intercommunal Toulon-La Seyne.
Des risques plus graves pour la maladie coeliaque
La comparaison s’arrête là. Car dans le cas de la maladie coeliaque, la consommation de gluten provoque aussi une réaction inflammatoire d’origine immunitaire au niveau des villosités, ces replis très fins qui tapissent les muqueuses de l’intestin grêle et permettent aux nutriments de passer vers le sang. « La réaction inflammatoire les atrophie et en les réduisant, elle entraîne une malabsorption des nutriments, détaille le Dr Mercky-Pouget. Les patients souffrent alors de dénutrition, perdent du poids et de la masse musculaire. Les carences en nutriments peuvent engendrer des complications diverses comme l’ostéoporose (manque de vitamine D), des problèmes hémorragiques (déficit de vitamines impliquées dans la coagulation) ou, chez l’enfant, des troubles de la croissance. » Dans les cas les plus graves, la maladie coeliaque peut exceptionnellement favoriser l’apparition de cancers de type lymphome du tube digestif. Des conséquences potentiellement sévères donc pour cette intolérance totale au gluten, mais un traitement finalement très simple : un régime strict sans gluten. « S’il est bien suivi, les symptômes disparaissent, y compris les atrophies des villosités, et avec elles les risques associés » rassure le Dr Mercky-Pouget. Des risques auxquels ne sont pas exposées les personnes qui souffrent d’une « simple » hypersensibilité au gluten. Mais comment savoir si l’on souffre de l’un ou l’autre des troubles ?
Des tests pour faire la différence
« Pour faire la différence entre intolérance et hypersensibilité au gluten, on recourt à un test utilisé pour diagnostiquer la maladie coeliaque » répond le Dr Mercky-Pouget. Ce test sérologique, réalisé à partir d’une prise de sang, permet de repérer les anticorps antitransglutaminase qui signent la maladie auto-immune. Le médecin peut aussi avoir recours à une gastroscopie pour réaliser une biopsie dans le duodénum et repérer les atrophies des villosités. « Ces deux examens seront cependant négatifs si le patient a d’ores et déjà débuté un régime sans gluten » , signale le Dr Mercky-Pouget. Reste le typage HLA pour repérer, chez des patients généralement génétiquement prédisposés, les marqueurs spécifiques (HLA-DQ2 et HLA-DQ8) de la maladie coeliaque. Dernière précision du Dr MerckyPouget : en l’absence de maladie, il n’y a pas lieu de « blacklister » le
gluten. « Souvent, et à juste titre, les patients essaient de soulager leurs symptômes en adaptant leur régime alimentaire. Mieux vaut consulter pour éviter le risque de dénutrition… »
Un site à recommander, celui de l’association française des intolérants au gluten : www.afdiag.fr