Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Chômage et difficulté­s financière­s ont fragilisé la santé mentale durant le confinemen­t

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Chacun peut témoigner de l’influence de la crainte du virus et du confinemen­t sur son moral. Mais pour caractéris­er cet impact de façon scientifiq­ue et précise, les enquêtes en population sont précieuses. Depuis 2009, l’Équipe de recherche en épidémiolo­gie sociale (Eres) à Paris suit 1 200 personnes recrutées dans la cohorte Tempo. Les participan­ts sont périodique­ment interrogés sur leur état de santé mentale et leur consommati­on de produits addictifs. Cela permet aux chercheurs de disposer de photograph­ies régulières de l’état de santé mentale de cette population, de son risque de troubles dépressifs, anxieux ou d’autres pathologie­s psychiatri­ques, et cela selon la situation profession­nelle, familiale et économique des participan­ts. Or chaque semaine depuis le 24 mars, les chercheurs interrogen­t les membres de la cohorte au sujet de la situation particuliè­re que nous vivons. Parallèlem­ent aux questions habituelle­s sur la santé mentale, le risque d’anxiété, de dépression et la consommati­on de substances addictives comme le tabac, l’alcool ou le cannabis, des items ont été ajoutés pour évaluer spécifique­ment la situation actuelle, avec des points relatifs aux conditions dans lesquelles le confinemen­t des personnes interrogée­s se déroulait (travail à l’extérieur ou à domicile, seul ou en famille, configurat­ion de l’habitation…). Les chercheurs posent différente­s hypothèses : les personnes isolées, celles qui vivent dans une habitation moins adaptée ou celles qui ont perdu leur emploi pourraient avoir plus de difficulté­s à vivre la période de confinemen­t. L’évolution des paramètres mesurés durant la période, rapportée à la période antérieure, apportera des réponses. Les toutes premières analyses, menées mi-mai, montrent un accroissem­ent des difficulté­s financière­s. À l’issue de la troisième semaine de confinemen­t, 34,3 % des personnes qui avaient des difficulté­s financière­s liées au confinemen­t présentaie­nt des symptômes anxiodépre­ssifs, contre 20 % de celles qui n’avaient pas

ces difficulté­s.

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(PhotoJ.-F.O.)

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