Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Gestes barrières : l’ombre du doute
Pour lutter contre l’épidémie, de nombreux pays ont mis en place des mesures sanitaires, sous la forme de règles ou de recommandations, qui visent à limiter la transmission du virus dans les populations. Distanciation sociale, masques, visières, hygiène des mains et décontamination des surfaces ont été adoptés, de manière plus ou moins large en fonction de l’histoire épidémique du pays, de la phase épidémique dans laquelle il se trouve, du niveau de gravité perçu de la situation, et de la capacité à mettre en oeuvre ces précautions sur différents terrains. La fin de la première vague épidémique s’accompagne d’une résurgence du doute chez les citoyens concernant l’utilité réelle de ces mesures, et d’un relâchement dans l’application des gestes barrières. Des chercheurs canadiens appartenant à une initiative conjointe de revue de la littérature en urgence (Systematic Urgent Review Group Effort – SURGE) ont évalué l’efficacité globale de ces outils grâce à une méta-étude et une revue systématique de la littérature. Ils ont ainsi analysé études observationnelles et études comparatives incluant plus de patients, portant sur l’effet des mesures de prévention contre le SARS-CoV- et d’autres bétacoronavirus capables d’induire des troubles respiratoires sévères : le Mers et le Sars. Leurs résultats indiquent qu’une distanciation sociale d’un mètre est associée à un risque d’infection beaucoup plus faible, tout comme l’utilisation des masques (en particuliers les modèles N et les masques chirurgicaux) tant chez les soignants qu’auprès du grand public. Les protections pour les yeux s’avèrent également efficaces, et une distanciation de deux mètres ou plus est quant à elle associée à un bénéfice supplémentaire dans la réduction de la transmission virale. Les chercheurs précisent que seuls des essais contrôlés randomisés fourniront un niveau de preuve suffisant pour statuer de manière définitive sur l’efficacité de ces dispositions. Cependant, les effets mesurés à l’occasion de cette méta-étude sont si grands que, selon eux, ils permettent déjà d’informer la décision publique. Derek K. Chu et al., The Lancet, 1er juin 2020.