Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Vingt-cinq ans au meurtrier de Roquebrune-sur-Argens
La cour d’assises du Var a déclaré Gilles Deguergue coupable du meurtre de Noël Verneau et a tenu compte de la récidive. La thèse des violences volontaires mortelles n’a pas prospéré
Au terme de deux heures de délibéré, la cour d’assises du Var a condamné hier soir Gilles Deguergue à la peine de vingt-cinq ans de réclusion. Une condamnation pour le meurtre de Noël Verneau le 18 février 2018 à Roquebrune-sur-Argens, pour laquelle la cour a constaté l’état de récidive légale, après une précédente condamnation en 1997 pour un crime de sang.
L’élément déclencheur
Auparavant, sur la personnalité de l’accusé, le psychiatre avait conclu qu’il n’avait pas de pathologie psychiatrique, mais présentait une personnalité dyssociale. Ce trouble du comportement se traduit par un non-respect des règles et normes sociales, dont l’origine est un manque d’empathie face à la souffrance des autres. Quant au psychologue, il a expliqué que l’élément déclencheur du passage à l’acte criminel, chez cet homme plutôt calme et anxieux, était moins à chercher dans l’abus d’alcool que dans le fait que ses chers petits chiens ont eu peur du comportement agressif de Noël Verneau, et qu’il lui a répondu : «Cenesontque des chiens. »
Un précédent crime assez sordide
Le parcours de vie de Gilles Deguergue a été marqué par une période de marginalité lors de laquelle, en 1995 dans la Drôme, il s’en était pris, avec d’autres routards, à un homme rencontré dans un bar. Ivres, ils l’avaient frappé pour lui voler les 50 francs qu’il avait en poche. Il lui avait ensuite jeté une grosse pierre sur la tête, qui l’avait tué. Pour ces violences volontaires avec arme ayant entraîné la mort, il avait été condamné en 1997 aux assises de la Drôme à quatorze ns de réclusion. Sorti de prison en 2003, il s’était installé dans le Var, où il avait fait la connaissance de sa dernière compagne à Roquebrune-sur-Argens.
Les questions de la famille
Ce contexte de récidive a logiquement pesé sur les débats. Il a été évoqué par Me Yoan Ernest, représentant les deux fils de la victime, qui avaient gardé le souvenir d’un bon père de famille, avant qu’il ne soit déstabilisé par un divorce. Aux intérêts des frères et soeurs de Noël Verneau, Me Gestas a posé à la cour les questions qui hantaient cette fratrie, persuadée que l’accusé n’avait pas tout dit sur les circonstances du crime.
Meurtre ou coups mortels ?
Pour l’avocate générale Estelle Bois, « l’intention de meurtre était caractérisée, avant de porter les coups, dès l’instant où Gilles Deguergue a aperçu le couteau, dont il a donné trois coups dans des zones vitales ». Elle a précisé que la récidive légale lui faisait encourir la réclusion à perpétuité. « Il ne se considère pas comme quelqu’un de violent, après avoir déjà tué deux hommes », a-t-elle conclu pour requérir vingtcinq ans de réclusion avec une période de sûreté de seize ans. Me Audrey Adjimi a plaidé en défense sur l’absence d’intention de tuer de la part de Gilles Deguergue, pour tenter d’obtenir la requalification du crime en violences volontaires avec arme, ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Son principal argument était le fait que c’était l’accusé qui avait déclenché l’intervention des secours. « S’il avait voulu tuer Noël Verneau, pourquoi aurait-il appelé immédiatement les pompiers ? Dans cet appel, on entend bien qu’il est affolé et que ce n’est absolument pas préparé. » Les jurés en sont restés à la question principale, celle du meurtre.