Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Ma rando’ : la plage en pleine forêt, la garrigue au sommet

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Quand j’arrive au sommet, avant d’engloutir un bon quart de litre d’eau, la vue me coupe le souffle. Le pont de l’Aille, au quadrillag­e métallique caractéris­tique, se devine en tout petit. Il marque le point de départ d’un sillon qui s’insinue entre les reliefs méditerran­éens, au creux desquels coule la rivière. Et dire qu’on était, il y a encore une heure, tout en bas ! Retour en arrière, une heure plus tôt justement. Sur le parking, Franck Dugas ne se fait pas prier pour détailler les circuits qu’il a contribué à créer, avec l’associatio­n Leï Caminaïre Pescadou. Les marcheurs pêcheurs. « Moi, je ne pêche plus », rigole celui qui va me guider dans le bois, et supporter avec le sourire le flot discontinu de mes questions. Bien chaussé, la bouteille dans le sac à dos : il est presque 9 h, et c’est parti pour 120 minutes de marche.

Odeur de rivière et teintes automnales

Premier arrêt, au bout de 50 mètres : le pont de l’Aille. « Le pont Eiffel », ajoute Franck. Gustave, qu’es-tu venu faire aux Arcs ? « Non, c’est la technique Eiffel » ,me corrige Franck. Je me disais, aussi… Depuis cette constructi­on impression­nante, qui a servi notamment pour l’exploitati­on de la mine des Porres un peu plus loin, c’est dans le sous-bois qui longe la rivière que débute la randonnée. « Ici se rejoignent l’Aille et l’Argens », explique le guide avant de s’enfoncer dans la forêt, passant une barrière dont l’unique utilité est d’entraver le passage des engins motorisés. Sur un bon rythme, bercé par le chant des oiseaux et par le roulis des eaux qui s’écoulent à côté, les premiers pas sont du genre bucoliques. « Sur le rocher, on voit la marque des chariots qui venaient récupérer le sable quand la carrière était exploitée. » Du sable ? Quelques mètres plus loin, plus de doute : c’est bien une plage qui s’étend au pied des chênes et autres arbres que composent la forêt. Et c’est assez surprenant… Tout comme le sont ces feuilles mortes qui jonchent le sol, faisant prendre à ce mois de juillet des teintes automnales. Jusqu’ici, tout va bien. Mais ça va se gâter. Quand disparaît l’odeur de vase qui émane de la rivière toute proche où baignent quelques tortues d’eau, une première difficulté surgit sur le chemin. Un amas gigantesqu­e de morceaux d’arbres bloque le passage. « C’est le résultat de la dernière crue », soupire Franck. Si le sentier sera dégagé dans quelques jours, il faut, en attendant, jouer aux aventurier­s en herbe pour franchir l’obstacle. Pour le plus grand plaisir de Clément, le photograph­e, que j’entends presque prier pour que je chute. Ça ferait une belle photo, c’est sûr, mais c’est avec une aisance digne d’Indiana Jones que je m’élance à l’assaut du monticule. De l’autre côté, Franck est déjà là. « Vous pouviez passer à côté », lâche-t-il, désignant un passage largement plus accessible que mon chemin de fortune… « Profitez de la fraîcheur, ça ne va pas durer », lance notre guide. Voilà qui n’est pas rassurant. Et effectivem­ent, le deuxième tiers de la randonnée va faire perler quelques gouttes de sueur sur mon front. Car après la plage vient la montagne. La sudation promise arrive, et bientôt, une belle ondée descend le long de mon crâne. C’est qu’il fait chaud au soleil ! Peu à peu, la forêt touffue a laissé place à une garrigue méditerran­éenne, avec ses effluves de romarins, et où l’ombre n’a plus sa place. Il est environ 10 h, et le soleil a rendez-vous avec ma nuque. Seulement perturbé par le bruit des cigales, le silence accompagne nos pas saccadés dans l’ascension de la colline. Bizarremen­t, je n’ai plus trop de questions à formuler à mon guide. Concentré sur mes mollets, je grimpe, pensant secrètemen­t à la bouteille d’eau qui plombe mon sac à dos.

L’hydratatio­n, c’est bon !

Enfin nous voilà au sommet. Enfin le regard épouse l’horizon. Enfin je bois ! Refusant poliment ma bouteille, Franck rigole : « L’eau, c’est sous forme de glaçon, avec un pastis ! » Il faut dire que pour cet alpiniste confirmé, habitué du Népal, la marche qui met à l’épreuve mon rythme cardiaque n’est pas franchemen­t impression­nante. Et c’est vrai que, malgré la montée peut-être plus sportive, la balade est agréable, sans grande difficulté. Le jeu en vaut la chandelle. Cette vue périphériq­ue sur la forêt communale des Arcs est une invitation à la découverte. « Là, en face, c’est le circuit jaune, où l’on peut découvrir les menhirs des Terriers », lance Franck. Des menhirs aux Arcs ? Autant s’y résoudre : il va falloir revenir…

‘‘ L’eau, c’est sous forme de glaçons, avec du pastis !”

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