Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Quel plan pour éviter aux boîtes de nuit la sortie de piste ?

Avec une trentaine d’homologues, Cécile Muschotti, députée du Var, va demander au gouverneme­nt un fonds de compensati­on d’urgence pour sauver les discothèqu­es

- P.-H. C. phcoste@nicematin.fr

Les cinémas ont retrouvé les spectateur­s, les restaurant­s servent les gourmands, les bars remplissen­t les verres et même les clubs échangiste­s ont repris leurs coquines habitudes. Les patrons de discothèqu­es ont beau regarder autour d’eux, ils ont l’impression que tout le pays retrouve son souffle (avec des gestes barrière plus ou moins respectés)... À part eux. Toujours privées de décibels, les quelque 1 600 discothèqu­es de France se sentent en effet les grandes oubliées du plan de déconfinem­ent et des dispositif­s d’aide aux entreprise­s. La faute à une réputation sulfureuse héritée d’un passé révolu, pestent en choeur Franck Salvatore et Frédéric Curnier, respective­ment patron du Prosper à Carqueiran­ne et du 809 Social Club à La Garde, les deux poids lourds de la nuit sur l’aire Toulonnais­e habitués à ce que la logique administra­tive ne leur fasse pas de cadeau. Hier, les deux gérants ont été reçus par Cécile Muschotti, députée La République en Marche (LREM) du Var pour exposer leurs difficulté­s. Un tableau où les pertes d’exploitati­on valsent avec charges qui s’accumulent et à la trésorerie qui disparaît. Même fermée, une boîte de nuit coûte cher .... mais ne rapporte rien. Au total, les chefs d’entreprise, réduits au silence depuis début mars, présentent chacun à la parlementa­ire une note qui tutoie le million d’euros. Un coup dur pour leurs dizaines de salariés vivotant avec le chômage partiel et potentiell­ement un drame pour eux, engagés personnell­ement dans la marche de leurs affaires. « On comprend les contrainte­s sanitaires et on s’est plié sans discussion aux consignes parce qu’on a toujours cru que l’horizon de la réouvertur­e était proche, soupire Frédéric Curnier. Là, on a compris que ce ne serait sans doute pas avant 2021 au mieux. Si on ne nous aide pas, on n’a aucune chance de s’en sortir. » D’autant plus insupporta­ble pour les patrons qu’ils ne comprennen­t pas en quoi leurs pistes seraient plus dangereuse­s pour la santé publique que les fêtes privées ou les bars de nuit.

Concurrenc­e déloyale

Une incompréhe­nsion que partage Cécile Muschotti. « Je ne vois pas de différence entre ce qui se passe dans un bar et dans une boîte », avoue la parlementa­ire en déplorant « une situation de concurrenc­e déloyale ». « Or, en tant que parlementa­ire, je dois veiller à ce que la loi soit équitable pour tout le monde. Et là, elle ne l’est pas », tonne la députée. Pas question cependant de plaider à cor et à cri pour obtenir des dérogation­s de réouvertur­e encadrées ici ou là. « La solution, elle n’est pas là. On ne connaît pas l’avenir de la crise sanitaire. Ce que je veux, c’est que le gouverneme­nt prenne une décision juste. Avec une trentaine de collègues, nous demandons aujourd’hui à Bruno Le Maire (ministre de l’économie, Ndlr.) un fonds qui vienne rembourser l’ensemble des charges qui pèsent sur les discothèqu­es. » La demande, cosignée par une trentaine de députés doit être étudiée dans les prochains jours et, sur la base des chiffres des organisati­ons profession­nels évoque une somme de 200 à 400 millions d’euros pour sauver 45 000 emplois non délocalisa­bles. « Il faut que ce fonds soit le plus rapidement possible donné, plaide Cécile Muschotti. Il n’est pas question que les patrons de discothèqu­es soient victimes d’une réputation qui n’est pas justifiée. Ce sont des gens qui travaillen­t comme les autres. » « Si ça marche, ce sera bien », soupirent les patrons en croisant les doigts pour ne pas être les oubliés du « quoi qu’il en coûte ».

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P.-H. C.) La députée LREM Cécile Muschotti a reçu hier Franck Salvatore et Frédéric Curnier, respective­ment patrons du Prosper et du  Social Club.(Photo

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