Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
La Madone d’Utelle () attend un miracle
Au coeur d’un imbroglio judiciaire et relationnel, le sanctuaire sera-t-il rénové?
Le projet de rénovation de l’hôtellerie et du sanctuaire de la Madone d'Utelle est au point mort ». Le diocèse est laconique sur le projet de travaux, suspendu depuis 2017, concernant l’édifice religieux, l’hébergement des pèlerins et la restauration. Ce lieu emblématique des Alpes-Maritimes est depuis plus de deux ans au coeur d’un conflit d’intérêts. Et parfois fermé aux fidèles, ce qui n’était jamais arrivé.
Concurrence déloyale
D’un côté, l'association la Fraternité Agapé, porteuse du projet, présidée par le recteur du sanctuaire, le père Gil Fiorini à l’origine de sa restauration. De l’autre, des commerçants utellois, dont Christian Martinon, patron du restaurant éponyme. S’élevant contre les faibles prix pratiqués, il avait fait opposition au projet, en portant plainte pour « future concurrence déloyale ». Même si la carte, le nombre de couverts, le niveau gastronomique et la clientèle n’étaient pas comparables.
Un vrai feuilleton
Au départ, la communauté religieuse avait un projet chiffré à 2 millions d’euros, mais pas les fonds. Jusqu’à ce qu’un legs d’un million, en 2016, change la donne. La Fraternité avait alors déposé une demande de bail pour travaux auprès
de la mairie. Pour le sanctuaire : l’ouverture des arcades du cloître sur l’extérieur, et la pose de vitrages. Et pour les huit modestes chambres d’hôtel : la réfection de toiture, la mise aux normes d’accueil du public, des personnes à mobilité réduite et de la restauration. Après de longs échanges, le conseil municipal avait donné son aval en 2017. D’où la colère et l’action judiciaire du restaurateur, qui se refuse à toute déclaration, « la procédure étant toujours en cours. » L’Évêché s’était substitué à l’association, dessaisissant le père Fiorini du projet, et l’affectant à d’autres fonctions pastorales loin du sanctuaire.
La commune arbitre ?
L’élection du nouveau maire, Yves Gilli, ancien conseiller municipal et successeur de Bernard Cortes changera-t-elle quelque chose ? Comme son prédécesseur, le premier magistrat demande d’abord la réouverture du lieu de culte. Il « compte prendre attache avec l’Évêché, rétablir le contact ». Et faire en sorte « que les gens se réunissent autour d'une table, évêché, élus et commerçants. Et qu’on trouve un terrain d’entente. » Seule nouveauté, l’approbation fin 2019 du PLU, le plan local d’urbanisme métropolitain. Le sanctuaire, bâti sur un terrain communal, y apparaît en zone NT2. Un espace classé « zone naturelle d’intérêt touristique ». À l’Assomption, le 15 août, l’une des trois dates de pèlerinage, la procession rassemble les fidèles derrière la statue de Notre-Dame des Miracles. Y en aura-til un d’ici là ? Mystère.