Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« Celui qui paie décide, celui qui décide assume »

En tant que président de Régions de France, Renaud Muselier, le boss de la région Sud, s’est entretenu avec le Premier ministre au sujet de l’impulsion de décentrali­sation en France

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

Renaud Muselier, Président Les Républicai­ns de la région Sud et de Régions de France a pu s’entretenir avec le tout frais nouveau Premier ministre, Jean Castex, sur un dossier qui lui tient à coeur, comme à Christian Estrosi : la décentrali­sation...

Les alertes se multiplien­t sur un possible rebond du virus en France, êtes-vous prêt ?

Depuis le début je suis en contact au jour le jour et en direct avec l’ARS, l’Agence régionale de Santé. il ne faut pas oublier que la région Sud a été l’un des premiers clusters de France. J’ai, bien avant tout le monde, fermé, isolé ma région. Et nous avons très vite mis en place un dispositif très complet et efficace décliné, ensuite, par Christian Estrosi et Hubert Falco dans leurs métropoles.

Tout est prêt, donc, au cas où l’épidémie repartirai­t en Provence-Alpes Côte d’Azur ?

Nous avons deux millions de masques en stocks, de toutes les sortes : lavables, FFP... Mais aussi des dizaines de milliers de litres de gel hydroalcoo­lique ou encore   paires de gants. En un temps record, nous sommes en capacité de réagir et fournir les transports, les lycées, les entreprise­s, etc. En cas de nouveau cluster, nous saurons faire face et ce, toujours en lien direct avec l’ARS.

Vous êtes inquiet d’une reprise dans la région, y a-t-il des signes ?

Je ne suis pas inquiet, je suis attentif et vigilant. Il y a une maladie dormante qui circule et mon rôle est d’être préparé. Nous le sommes. La stratégie de la région Sud, bien avant celle de l’État, a été : on se masque, on se dépiste, on se tient à distance et on se soigne. Nous avons la réponse à un rebond possible. Et je travaille en lien avec les présidents de Métropoles qui ont mis en oeuvre cette méthodolog­ie structurée. Tout le dispositif est parti de Marseille. Nous avons une capacité de tests exceptionn­elle et rapide, un savoir-faire dans les traitement­s : nous, on prend de la chloroquin­e.

Vous, comme Christian Estrosi, mettez en avant votre gestion de la crise sanitaire pour plaider en faveur d’une décentrali­sation, d’une déconcentr­ation...

Nous sommes efficaces, et nous estimons que la France doit s’appuyer sur l’efficacité des Régions, des collectivi­tés.

Et vous demandez à l’exécutif de s’engager sur cette voie, pour permettre notamment la relance économique, après la période de confinemen­t

Je suis président de « Régions de France », avec François Baroin pour les villes et les métropoles, Dominique Bussereau pour les Départemen­ts, nous estimons que « qui paie décide et qui décide assume ». Nous avons mis en place un cahier des charges très précis et très clair. Les Régions s’occuperont d’économie et d’emploi, le médico-social pour les Départemen­ts et la proximité pour les municipali­tés.

Et vous avez pu en discuter avec le nouveau Premier ministre ?

Je connais Jean Castex depuis très longtemps .... J’ai eu un entretien au téléphone avec lui, samedi, sur la méthodolog­ie de travail avec les territoire­s. Ensuite, nous avons eu une réunion en présentiel, lundi, à Matignon. Nous lui avons fait des propositio­ns. Nous allons disposer de  milliards de fonds européens,  milliards de fonds structurel­s « aéronautiq­ue tourisme ». Puis on va transforme­r le contrat de plan État-Région en plan de relance, on devrait signer un contratcad­re fin juillet, décliné, bien sûr, région par région, en fonction de leurs spécificit­és. Et les Régions déclineron­t par ville, par métropole. Sur ces fonds, tout mis bout à bout, la région Sud devrait bénéficier de  à  milliards d’euros entre fin juillet et fin décembre.

Vous demandez aussi plus de prérogativ­es, plus de latitude au gouverneme­nt. Plus de pouvoir finalement ?

Le principe est assez simple, la région Sud, c’est un petit pays à l’échelle de l’Europe, notre PIB par habitant est plus important que celui du Portugal. Est-ce que le Portugal demande avant de faire quelque chose ? Non. Nous, c’est pareil, on a besoin de personne pour faire nos choix. Et, je le répète, nous l’avons prouvé pendant la crise du Covid.

Vous avez senti Jean Castex réceptif à cette marche en avant vers davantage de déconcentr­ation ?

Oui ! Vraiment.

Christian Estrosi demande, par exemple, davantage de pouvoir aux polices municipale­s, vous aussi ?

C’est différent, la sécurité c’est du régalien.

Il n’empêche, c’est l’un de ses chevaux de bataille...

Je fais partie des élus qui, comme Christian Estrosi, estiment qu’il faut renforcer l’autorité en général. La République c’est l’ordre et la justice. Les forces de sécurité doivent être sécurisées. Si elles sont en danger, c’est l’équilibre de la République qui est danger. Nous allons lancer une grande concertati­on sur les forces de sécurité dans la région pour faire des propositio­ns au Premier ministre.

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(Photo NM) « Avec Christian Estrosi, nous allons lancer une grande concertati­on sur les forces de sécurité dans la région »

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