Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« C’est une chance énorme »

Repéré à Rennes où il évoluait en Fédérale 1, le pilier droit toulousain a pris ses quartiers à Toulon avec sa petite famille. Un autre monde, qu’il découvre avec un bonheur non dissimulé

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C’est ouf ! » Du haut de son presque double mètre, Jérémy Boyadjis n’est sans doute pas du genre à se cacher derrière sa longue barbe ni à se laisser impression­ner. Il n’empêche. Depuis quelques mois, tout est quand même un peu dingue. En fin d’année dernière, alors que l’homme prépare en famille les fêtes de fin d’année, une rumeur court jusqu’en Bretagne. À la recherche d’un troisième pilier droit pour remplacer Marcel Van der Merwe, rentré en Afrique du Sud, le Rugby club toulonnais aurait des vues sur le joueur de Rennes au gabarit encore plus impression­nant, qui casse alors la baraque en Fédérale 1. « J’ai eu des échos à ce moment-là, confirme le garçon. Mais rien de bien concret. » Pourtant, la rumeur enfle. Jusqu’à ce coup de fil de Laurent Emmanuelli, en charge du recrutemen­t pour le RCT. « Depuis que j’ai commencé le rugby, raconte le Toulousain d’origine, pour moi, il y a trois gros clubs : Toulouse, Toulon et Clermont. Alors avoir été appelé par Toulon, c’est quelque chose ! C’est un club qui a une histoire, dans une ville qui respire le rugby – et je sais de quoi je parle –, qui a accueilli d’énormes stars, et il y en a encore... C’est une chance énorme d’intégrer un club comme ça. » Et, même s’il n’aime pas trop le mot, une grande et légitime « fierté » pour ce plombier de formation, encore anonyme il y a quelques semaines.

Collazo : « On ne cherchait pas un nom »

« C’est gratifiant, concède-t-il volontiers. Ça fait super plaisir. Surtout quand un coach comme Patrice Collazo s’intéresse à toi... Ce n’est pas n’importe qui. Je ne dénigre personne en disant ça, mais on connaît sa carrière, son expérience... » Et la volonté du manager toulonnais, pas franchemen­t fana de blingbling, de trancher avec une époque. « On voulait un pilier droit, mais pas forcément un mec à 80 sélections, confiait-il ainsi début mai dans son style toujours direct. Quand on a recruté Gigashvili, il jouait à Grenoble, et qui le connaissai­t ? On ne cherchait pas un nom, à ce poste, mais un joueur à potentiel qui soit en cohérence avec notre effectif. On l’a trouvé. » Jérémy Boyadjis appréciera sans doute. Et a bien l’intention de faire honneur à cette marque de confiance. « Il y a une part de risque pour lui d’avoir fait ce choix-là ,enchaîne-t-il. À moi de bosser, maintenant. J’ai toujours voulu arriver à ce niveau, alors aujourd’hui que j’y suis, il faut assumer. Je vais tout donner. Surtout dans cette ville super branchée rugby. » Fin juin, le baroudeur, peu effrayé par les déménageme­nts depuis le début de sa carrière (lire par ailleurs) ,adonc posé ses valises dans sa nouvelle maison. Avec son épouse, Julie, et leurs deux petits garçons, Martin et Joseph, déjà inscrits à l’école à Toulon. Ses piliers à lui, qui ont très vite pris leurs marques dans cet environnem­ent étranger, dans lequel ils n’avaient jusque-là fait que de brèves escales avant de rejoindre la Corse. «On n’a pas encore vu la pluie, ça change de la Bretagne, se marre le pilier. Ilyale soleil, la mer... Tout le monde est hyper content, c’est top. » Essentiel, même, pour la toute fraîche recrue du RCT, qui n’envisage pas l’aventure varoise autrement. « Quand je suis arrivé ici, j’ai immédiatem­ent mis l’accent là-dessus. C’est très important pour moi qu’ils se sentent bien eux aussi. » Condition indispensa­ble pour que lui-même puisse s’épanouir, « prendre un maximum de plaisir » et « [se] concentrer sur le rugby ». Déjà fan de la région, dont il sillonne avec bonheur « le relief » autant que « la partie maritime » ,le colosse toulousain (1,92 m, 138 kg) a donc aussi fait connaissan­ce avec ses nouveaux collègues de travail. D’abord en comité restreint, lors d’une semaine d’acclimatat­ion spéciale entre recrues, puis avec le reste de l’effectif autour d’un bon petit barbecue. Avant de découvrir en petits groupes les installati­ons de Berg (et d’apercevoir, impression­né, le futur centre ultra-moderne d’entraîneme­nt), précaution­s sanitaires obligent. Dans son groupe, Jérémy Boyadjis a retrouvé avec plaisir son « excollègue » de Rouen, Gabin Villière, mais aussi Raphaël Lakafia, Sergio Parisse, ou

encore Christophe­r Tolofua. «Je ne vais pas mentir, ça fait bizarre d’être au milieu de ces mecs-là, admet-il facilement. Je me demandais comment j’allais me situer par rapport aux autres, mais le contact a été super facile, ça aide vachement à casser cette barrière. » Le joueur a même été surpris. « Pour avoir connu un peu la Pro D2, je m’attendais à un truc plus fermé. Et au final, pas du tout. C’est jeune, très simple.

Même les mecs d’expérience, Sergio Parisse, Raphaël Lakafia, Eben Etzebeth... ils sont très ouverts. »

« On ne peut que faire du bon boulot »

Physiqueme­nt, forcément, l’intensité n’est pas la même qu’en Fédérale 1, et ça pique un peu. «Ilfaut suivre le rythme, mais je m’accroche. » Le défi est de taille, et il faudra composer avec une rude concurrenc­e à son poste, derrière le jeune internatio­nal français Emerick Setiano et le Géorgien Beka Gigashvili, révélation de la saison dernière. Mais franchemen­t pas de quoi lui saper le moral. Au contraire. «On a des parcours complèteme­nt différents, souligne le tout frais trentenair­e, qui y voit avant tout une source de motivation supplément­aire. Ce qui est drôle, c’est qu’ils sont plus jeunes que moi. Beka, je l’ai connu quand j’étais à Chambéry. On n’a pas joué ensemble mais on s’est suivi. Emerick est un super mec aussi. On ne peut que se tirer vers le haut tous les trois. On ne peut que faire du bon boulot. » L’exigeant public de Mayol n’en demande pas plus.

Ça fait bizarre d’être au milieu de ces mecs-là, mais le contact a été super facile”

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