Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Un pilote de quad gravement blessé

Depuis quelques jours, les utilisateu­rs des parcmètres sont la cible d’escrocs qui parviennen­t à leur subtiliser cartes bancaires et codes personnels

- MATTHIEU BESCOND mbescond@nicematin.fr

« Je ne serai plus aussi naïve… ! » Marie-Andrée, 66 ans, a été victime d’une arnaque à l’horodateur, tout comme plusieurs Dracénois depuis une dizaine de jours. L’appel à la prudence – comme au bon sens… – est de rigueur. Le 15 juillet dernier, aux alentours de 11 h, la sexagénair­e se gare sur le boulevard de la Liberté, à Draguignan. « Lorsque je suis sortie de mon véhicule, un jeune homme masqué m’a interpellé », explique-telle. Il lui recommande alors de payer son ticket de stationnem­ent pour éviter de se faire verbaliser, arguant que les amendes pleuvent sur le secteur.

« Je n’ai rien vu, rien compris... »

« J’ai pris ça pour un acte de gentilless­e. Nous avons remonté le boulevard ensemble jusqu’à l’horodateur qui n’était qu’à quelques mètres. J’étais fatiguée ce jour-là. Un peu désorienté­e, avec des soucis plein la tête. Je suis un peu stressée en ce moment, et cet homme l’a bien vu. Je suis sûre que ce monsieur repère ses proies. » Face à l’horodateur, Marie-Andrée commence par entrer la plaque d’immatricul­ation de son véhicule. Puis passe au paiement par carte bancaire. Elle qui n’est pas familière avec le fonctionne­ment de la machine se trompe. « J’ai tapé mon code au mauvais endroit. » Derrière son épaule, le malfrat est toujours là. Ni une ni deux, il en profite. « Il a enregistré la combinaiso­n que j’avais faite. Il m’a vu un peu déstabilis­ée et m’a montré comment faire. » Marie-Andrée entre à nouveau son code au bon endroit. Oui, mais voilà, la carte bancaire a disparu du lecteur… « L’homme m’a alors dit qu’elle avait été “mangée” par la machine... Et j’y ai vraiment cru... J’ai été en mairie pour expliquer mon problème. On m’a précisé que cela ne pouvait pas arriver… En fait, il me l’avait subtilisée. J’étais perturbée... Je n’ai rien vu, rien compris... » En l’espace d’un quart d’heure, l’escroc subtilise 450 euros sur le compte de la sexagénair­e. Avant qu’elle ne fasse opposition. « Depuis, la banque m’a remboursé… et je ne me ferai plus avoir… » La stupéfacti­on passée, Marie-Andrée dépose plainte au commissari­at. Et là, la surprise est de mise... : « J’ai rencontré une personne qui venait pour la même raison que moi... » « Nous avons effectivem­ent reçu plusieurs plaintes à ce sujet ces derniers jours, confirme de son côté le commissair­e Philippe Granata. Le mode opératoire est toujours le même. Ces malfrats ciblent des profils de personnes relativeme­nt âgées qui ont tendance à ne pas se méfier, et qui ont parfois des difficulté­s à utiliser un horodateur. » Clairement, le phénomène est connu. « Nous avons déjà eu à faire face à ce type d’arnaque à Draguignan l’année dernière. » L’affaire avait alors été résolue. « Nous avions interpellé les individus concernés. Souvent, ceux qui pratiquent ce genre de méfaits sont originaire­s du milieu marseillai­s. » Et de faire référence aux fameux collets marseillai­s

(1). « Avant, les arnaques à la carte bancaire s’opéraient directemen­t dans les distribute­urs de billets. Mais depuis, les banques ont installé des systèmes de vidéosurve­illance. » On comprend à demi-mot que la mesure est relativeme­nt efficace. Et qu’évidemment, ce genre de dispositif­s n’existe pas sur les horodateur­s... Autrement dit, les malfrats s’adaptent : « Ils ont souvent un coup d’avance sur nous… » Reste qu’une fois le code et la carte bancaire en main, l’escroc qui se précipite au guichet, comme cela a été le cas pour Marie-Andrée, peut être identifié. Mais les procédures judiciaire­s pour récupérer données bancaires et bandes-vidéo sont parfois longues… Sans parler du fait que les escrocs sont mobiles. « Ces personnes sont bien consciente­s qu’elles ne peuvent pas réitérer trop de fois cette arnaque sur un même secteur avant d’être identifiée­s. »

« Il faut rester méfiant »

Toujours est-il que le commissair­e espère bien aboutir à la même issue que l’an passé, « notamment avec le concours de la vidéosurve­illance sur la voie publique ». Même si ce n’est jamais sim ple, « d’autant plus quand aujourd’hui, contexte oblige, les gens sont masqués... ». Avant d’en appeler à la prudence. À proximité des horodateur­s, mais plus largement autour des moyens de paiement électroniq­ue en général. «Les gens ont aujourd’hui de moins en moins d’argent liquide sur eux. En soi, c’est très bien. Cela réduit considérab­lement les agressions sauvages. Mais il faut rester méfiant… » Et de rappeler qu’il ne faut jamais communique­r son code de carte bancaire, dans n’importe quelle circonstan­ce... « Nous recevons également des plaintes pour des personnes victimes de phishing (2)… Il y a quelques jours, une personne s’est fait escroquer de 2 000 euros parce qu’elle avait communiqué ses identifian­ts bancaires par mail… » Pour éviter ce genre de déconvenue, une seule solution, en somme : du bon sens, encore et toujours…

1. Système de captation de cartes bancaires à l’aide d’un leurre fixé au distribute­ur automatiqu­e.

2. Le principe du phishing consiste à récupérer des données personnell­es sur Internet.

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(Photo Sophie Louvet) Depuis une dizaine de jours, plusieurs cas d’arnaques à la carte bancaire sur des horodateur­s ont été signalés à Draguignan. Un phénomène connu des forces de l’ordre.

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