Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Au domaine Gavoty des concerts du meilleur cru
Samedi soir a été annoncée la création d’une nouvelle cuvée la « Storia » en l’honneur des musiciens du Philharmonique de Radio France qui ont ravi les mélomanes à trois reprises
Va-t-on me reprocher de voir l’amour partout ? Ce n’est pas moi qui le prétends, c’est Mozart qui le suggère… » Qui écrivait cela ? Bernard Gavoty, le critique admiré et redouté du Figaro, dans les années soixante, dans une de ses célèbres chroniques qu’il signait du pseudonyme de Clarendon. Nul mieux que lui maîtrisait ce délicat exercice qui consiste à traduire avec des mots la beauté de la musique. On sait peu qu’il était également agronome et possédait à Cabasse un vignoble qui existe toujours, signalé en grosses lettres blanches en contrebas de l’autoroute. Même lancés à 130 km/h, les automobilistes ne peuvent pas ne pas le remarquer.
Un préau entre deux bâtiments
La nièce de Bernard Gavoty, Roselyne, s’emploie à perpétuer le souvenir de son oncle en organisant des concerts chaque été. En cette année où tant de grands festivals (Aix, Orange) ont baissé les bras, les mélomanes s’y sont pressés avec gourmandise. Un préau aménagé entre deux bâtiments du domaine agricole, une estrade dressée en dessous et voilà une scène de concert toute faite ! Des chaises sont installées devant, à ciel ouvert et, tandis que le jour décline et que le concert torride des cigales s’apaise, la grande musique prend possession des lieux : Rossini, Haydn, Debussy, Beethoven – tous ces compositeurs qui faisaient la vie de Gavoty et l’avis de Clarendon. Durant trois soirs, les auditeurs espacés et masqués ont applaudi des musiciens d’élite du Philharmonique de Radio France, réunis sous le nom d’ensemble « Storia ».
Des cépages plantés en
Samedi soir, à l’issue d’un concert où nous avions particulièrement admiré le hautboïste Olivier Doise et la flûtiste Magali Mosnier, et où nous avions été portés par la grâce ailée de « Syrinx » de Debussy et emportés par la tourmente d’un quatuor de Beethoven, Roselyne Gavoty, monta sur scène. En maîtresse de maison, elle prit la parole pour annoncer une naissance : celle d’une nouvelle cuvée de vin rouge. En l’honneur des musiciens, elle s’appellerait la « cuvée Storia ». Ses cépages ont été plantés en 1961. Ils ont plus d’un demi-siècle d’existence. Roselyne Gavoty remit solennellement la première bouteille à la violoniste du groupe Florianne Bonanni, qui la saisit aussi précieusement qu’un Stradivarius. Storia qui, au long de la semaine, avait ravi nos oreilles, séduirait désormais nos palais. Storia : une belle histoire qui s’achève en vin…