Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Un poisson mordeur sévit… et il n’est pas d’avril !

Au Veillat, des baigneurs ont eu la désagréabl­e sensation d’être mordus. Pas dangereuse­s, ces attaques sont prises au sérieux par la municipali­té

- ALEXANDRE PLUMEY aplumey@nicematin.fr

La mer c’est dégueulass­e, les poissons mordent dedans », aurait pu chanter Renaud, s’il avait séjourné ces derniers temps sur la plage du Veillat de Saint-Raphaël. Là où, à plusieurs reprises depuis début juillet, des baigneurs – principale­ment en position statique – ont ressenti une morsure vive et furtive. Peu profonde, mais avec parfois un écoulement de sang. Si seulement quatre personnes – toutes d’un certain âge – sont allées se faire soigner au poste de secours, d’autres confirment avoir subi ces mordilleme­nts. «Onsent la morsure et ça s’accroche à la jambe moins d’une demi-seconde. Ça m’est arrivé à plusieurs reprises, mais sans provoquer de saignement », raconte Marie-Paule, visiteuse assidue de cette plage.

Attirés par les veines

Tous les baigneurs n’ont pas eu cette chance. Comme cet homme souffrant de varices qui, jeudi et vendredi, a été « agressé » à quelques mètres du rivage. À deux reprises, il s’est rendu au poste de secours après une morsure qui a provoqué un écoulement sanguin assez importante, accentué par son traitement médical anticoagul­ant. Comme trois autres victimes, le sexagénair­e a été transporté à l’hôpital Bonnet « par précaution » . Un chiffre confirmé par les sapeurspom­piers du Var : « Plus pour de la désinfecti­on et du contrôle que pour une urgence, une infection ou un caractère venimeux », précisent les sauveteurs. Sur place, les maîtres nageurs sauveteurs (MNS), qu’ils soient CRS ou employés par la Ville, ont observé avec stupéfacti­on ce phénomène rare. Sans pour autant réussir à le cerner totalement. Ils constatent que les morsures se produisent toujours au même endroit (à la gauche du poste de secours), à proximité du rivage où l’eau arrive à la cuisse des baigneurs, et toujours à proximité des veines de la jambe. « C’est une toute petite entaille, mais la peau fine des personnes âgées est plus fragile », juge un MNS.

Quel est ce poisson ?

Ceci dit, e mystère reste entier. Même les plus fins connaisseu­rs du littoral raphaëlois se disent surpris à l’annonce de ces faits. « Des poissons qui mordent au bord de l’eau ? Ça alors, vous m’en apprenez une belle, s’exclame Gérald

Soccoja, vieux de loup de mer raphaëlois, qui part chaque matin avec son filet depuis près de cinquante ans. Si c’était dans le sable, on aurait pu dire un rason. Mais vu que ça agit à hauteur du mollet, ce n’est pas ça. » Quid du sar, un poisson avec une bouche de 2 à 3 cm et des dents plus pointues aux extrémités ? «Je ne le vois pas mordre un baigneur inoffensif. Ce ne sont pas des poissons d’attaque. » Sauf s’ils ont quelque chose à défendre. Une hypothèse avancée par Olivier Bardoux, pêcheur local et ex-chasseur sousmarin de haut niveau. « Il se peut que ce soit un baliste. C’est une espèce très territoria­le et présente en Méditerran­ée. S’il a frayé (1) à cet endroit, il peut se sentir menacé par la présence humaine. » Cette suppositio­n est prise au sérieux par Nicolas Marty, conseiller municipal en charge du littoral. L’élu affirme « qu’aucune plainte n’est remontée au service mer et littoral de la Ville, mais que le problème va être étudié dès ce matin ». Histoire que ce serpent de mer ne revienne pas chaque année, tel un mauvais poisson d’avril égaré au beau milieu de l’été.

1. Acte de reproducti­on qui consiste à produire des alevins ou déposer des oeufs ou du sperme.

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(Photo Philippe Arnassan) Le poste de secours raphaëlois fait face à un nouveau type d’interventi­on.
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