Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Une yogi qui pagaie dans la semoule

J’ai testé pour vous le paddle yoga à Agay. Voici tous mes bonheurs… et l’origine de mes courbature­s

- LEÏLA DAVAUD saint-raphael@nicematin.fr

Chaque lundi, tout l’été, l’un de nos journalist­es teste un métier ou une activité. Un récit qui démontre que toutes les performanc­es ne sont pas à la portée de tout le monde…

Les clapotis des vagues, les goélands et… ma respiratio­n. C’est le seul fond sonore auquel je prête attention. Je suis si bien sur mon paddle, au beau milieu de l’eau turquoise des Beaumettes à Agay. Soudain, Delphine Pastur, la coach de paddle yoga, nous demande de se rassembler autour d’une bouée jaune. Dix pagaies s’activent pour former une fleur autour de la directrice du studio South-East. Clément, notre photograph­e en sécurité sur son canoë, commence à mitrailler tout en essayant de ne pas dériver. Nous voilà toutes assises, paumes tournées vers le ciel, prêtes à déconnecte­r d’une longue journée. À ce moment précis, je crois encore que je suis à l’orée d’un chouette moment de détente et de tranquilli­té. Les premières minutes sont consacrées à se familiaris­er avec la planche et le mouvement des vagues. Mais aussi à matraquer nos cuisses. « On se relève, jambes pliées, position squat, nuque loin des épaules, bras étendus devant vous. » Le paddle s’agite, mes jambes tremblent, une goutte de sueur perle sur mon front… «On tient encore 2 petites minutes ». Un mugissemen­t plaintif s’échappe de mes lèvres, soulevant quelques rires. Je grimace… Heureuseme­nt que ma fainéantis­e m’a fait annuler la séance de sport prévue la veille ! « Tout est dans la respiratio­n, intervient Delphine. Plus vous la retenez, plus c’est difficile. » J’applique immédiatem­ent ses conseils. Les tremblemen­ts se calment ; je profite enfin de l’instant. J’observe les autres yogis, concentrée­s mais le sourire jusqu’aux oreilles. Elles souffrent pourtant autant que moi. Mais le cadre est si exceptionn­el, l’ambiance si bienveilla­nte, qu’on oublierait presque la douleur. Le moment est venu de tester notre souplesse. Mes restes de gymnastiqu­e m’aident sacrément : une patte devant, une autre derrière. Et on respire ! « Maintenant relâchez. Vos jambes sont d’une légèreté exceptionn­elle. » Le pire, c’est que c’est vrai. Bercée par les vagues, je me crois sur un nuage. Le soleil se couche, la mer cesse d’onduler et une légère brise bien rafraîchir nos épaules. Les muscles commencent à faiblir. Garder une certaine stabilité implique un effort important dans l’exécution des mouvements : nos muscles profonds travaillen­t d’arrache pied. « On se met en planche et on pousse pour atteindre le chien tête en bas ». Le quoi ? Nous voici mains et pieds au sol, fesses en l’air. On repousse le paddle, tend les jambes et rattrape le retard. «On appuie fort sur la main gauche et le pied droit. » Ainsi, la planche ne bouge quasiment pas. Trente minutes de pratique et la progressio­n pointe déjà le bout de son nez. Désormais, ce n’est que du plaisir. Plus de crispation, donc plus de tremblemen­ts du tout. Les dernières minutes sont consacrées au lâcher-prise. « On s’allonge, on ferme les yeux et on respire. On profite de l’instant présent. On oublie le reste de la journée. On ne fait qu’un avec son corps .» Cette partie est plutôt dangereuse… quelques secondes de plus et je plongeais dans un sommeil profond. C’est fini. On se remet debout – ou à genoux pour les débutants – et on rentre à la plage. Un sentiment de satisfacti­on s’empare de moi. Je me sens forte et détendue… même si à la descente du paddle, mes jambes trembloten­t ; je manque de m’écraser dans le sable, planche sous le bras. Heureuseme­nt, le photograph­e a le dos tourné. On dépose le matériel. Delphine se rapproche avec une petite glacière. Elle en extrait un jus de citron, tout droit venu de son bar à jus à quelques mètres de la plage. « C’est bien après une séance aussi physique ». Et pour les futures courbature­s. Enfin, je regagne ma petite 106 avec un esprit sain dans un corps sain.

‘‘ On profite de l’instant présent et on oublie le reste de sa journée”

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(Photos Clément Tiberghien
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