Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Sumurun, né en , a retrouvé la mer

- B. Q.

Avec quatre millions de dollars, que peut-on s’acheter ? L’OM ? Il en faudrait un peu plus quand même. Mais quatre millions, c’est un joli pactole qui a permis, à peu de chose près, à un passionné de nautisme venu de Suisse de s’offrir en 2016 un yacht historique : Sumurun. Un très joli voilier en réalité qui a connu une drôle d’histoire. Il est né en 1914, construit dans les chantiers navals de Fairlie, par un certain William Fife, un des plus grands architecte­s navals, qui a signé de très belles créations, comme Britannia, Westward ou Rendez-vous. D’Ecosse, le bateau quitta vite l’Europe. Diable ! 1914 sonnait la fin de la belle époque et le début d’une terrible période, où la navigation de plaisance allait connaître évidemment une longue pause. L’armateur qui avait commandé l’embarcatio­n, Lord Sackville, n’avait pas lésiné sur les moyens. En ce temps-là, la classe aristocrat­ique s’amusait de ces rivalités où il fallait faire mieux et plus que son voisin. D’où une certaine démesure dans les bateaux.

Bois précieux à bord

Long de 28 mètres (94 pieds), Sumurun est un ketch, soit un bateau à deux mâts, dont le plus grand culmine à 36 mètres de haut. La voilure est à l’avenant avec ses 1 200 mètres carrés. Avec un poids de 68 tonnes, ce n’était certes pas un vrai yacht de régate, mais plutôt un esquif destiné à la croisière, comme en témoigne le confort des cabines, qui, à son lancement, avait été souligné par les rivaux aristocrat­es de Lord Sackville. Bois précieux (teck, acajou), décoration­s, objets d’art... Le voilier était alors un vrai petit bijou. Aux Etats-Unis, où le bateau prit ses quartiers, il changea plusieurs fois de propriétai­res avant d’être mis à la vente pendant d’une vingtaine d’années. Et puis, en 2016, Sumurun est donc vendu à un Helvète. Aussitôt, le nouveau propriétai­re entreprend une nouvelle restaurati­on – après la dernière réalisée en 1984 à La Spezia (Italie). Direction les chantiers du Guip à Brest, pour seize mois de travail avec, entre autres, un changement d’étrave et onze couches de peinture pour la coque. Les mâts ont été construits près de chez nous, dans les fameux chantiers Pasqui à Villefranc­he-sur-Mer. Le yacht a été rénové pour qu’il retrouve notamment ses lignes élégantes d’origine et puisse participer aux régates de yachts classiques organisées en Méditerran­ée, aux Etats-Unis et aux Caraïbes. L’affaire fut rondement menée, et l’an dernier, Sumurun a fait une très belle apparition aux Régates royales à Cannes puis aux Voiles de Saint-Tropez. Son année de naissance ne lui a pas porté malheur et, contrairem­ent à d’autres bateaux de sa génération, il n’a pas fini au bout d’un quai perdu d’un port délaissé ou, pire, échoué au fond d’un bassin de radoub improbable… À bord, comme jadis, tout n’est que luxe, calme et volupté. Il ne manque plus qu’un air d’Ennio Morricone pour naviguer sur la bande-son de « Et pour quelques (millions) de dollars en plus… »

 ?? (Photos DR) ?? Sumurun a connu plusieurs vies depuis sa mise à l’eau en . Désormais, il fait le bonheur des amateurs de régates de yachts classiques.
(Photos DR) Sumurun a connu plusieurs vies depuis sa mise à l’eau en . Désormais, il fait le bonheur des amateurs de régates de yachts classiques.
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