Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Estandon passe outre les crises et se développe
Le cercle de vignerons a tenu son assemblée générale. Alors que les ventes augmentent depuis deux ans, Estandon en profite pour développer ses expériences en faveur de l’agroforesterie
Vendredi, en fin de journée, Estandon tenait son assemblée générale au golf de Barbaroux, à Brignoles. Reportée de juin au mois d’août, elle s’est déroulée en comité réduit, avec seulement ses membres votants. Tour d’horizon avec Philippe Brel, directeur général d’Estandon.
L’assemblée générale
« Nous avons rendu compte de l’exercice 2019, qui a été marqué par une très forte hausse des cours des vins. Dans ce contexte, nous avons augmenté notre chiffre d’affaires de 2 %. Mais nous avons eu moins de volume (-10 %). À volume égal, nous avons distribué 3,5 millions d’euros de plus qu’une année normale. On a sauté une grande marche d’un coup. Cela nous a mis en marche forcée pour augmenter notre gamme et notre offre. On s’en est pas trop mal sortis malgré une forte pression sur les marges. Le résultat fin 2019 est positif avec 200 000 euros. A posteriori, cela relève un peu de l’exploit. C’est la deuxième année consécutive de valorisation des vins de Provence, avec un marché qui commençait à plafonner en termes de volumes, à cause de deux petites années de récolte. »
Les tendances depuis début
« Fort heureusement, il n’y a pas eu de nouvelle hausse tarifaire depuis le début de l’année. Nous avons enchaîné beaucoup d’événements, comme la conclusion du Brexit, les taxes Trump contre les vins, le Covid... Ça a provoqué des turbulences sur le marché. Les affaires sont bien reparties en juin et en juillet. Nous avons préservé l’essentiel de nos débouchés alors que l’on était partis pour faire de la croissance en volume et en valeur. On s’estime heureux d’avoir pu conserver nos clients. » « Nos marques s’en sont bien sorties. On a beaucoup développé pendant le confinement la vente de “bag in box” (une poche de vin dans un carton). La demande a triplé, mais s’est réduite depuis. Au global nous maintenons notre activité sur les marchés. Notre personnel s’est adapté à des montagnes russes... Nous avons bien géré les stocks, la production, la santé du personnel... Dans ces moments, on est heureux de travailler dans une entreprise où chacun s’implique d’une telle manière. »
L’agroforesterie toujours en développement
« Nous avons plusieurs actions d’agroforesterie. Trois propriétés ont planté des arbres pour expérimenter la cohabitation entre les arbres et la vigne. On n’aura les résultats que sur le long terme. À côté de ça, on a fait des expériences sur l’enherbement. La maîtrise sur les parcelles. Nous avons fait des essais pour essayer de mesure l’impact de l’herbe sur le gel. Avec des capteurs, nos mesures ont montré que l’enherbement peut amoindrir les effets du gel. Mais cela demande à être confirmé sur un grand nombre de situations. Nous avons appelé les producteurs à multiplier les expériences. Plus récemment, nous avons mesuré l’effet de l’enherbement et les déchets verts sur la température du sol. Comment la protection du sol minimise l’élévation de température et protège du stress hydrique. L’enjeu pour Estandon n’est pas tant de faire de la recherche, mais d’animer pour inventer la viticulture en Provence de demain. C’est notre challenge. » Pour l’heure, Estandon planche sur le développement de ses produits qui feront leur apparition en 2021. Le projet quinquennal (2020-2025) se fera selon une démarche participative auprès de ses adhérents. Ce chantier s’ouvrira en octobre.