Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Rodéo sur la route : six mois ferme pour le chauffard
Fin juillet, un automobiliste avait été arrêté en état d’ivresse à Toulon. Il avait poursuivi et menacé une famille repliée dans son véhicule. Il a été condamné à six mois d’emprisonnement
Le 25 juillet dernier, en début de soirée, les communes de Toulon, de La Garde et du Pradet sont le théâtre d’une coursepoursuite. Un homme âgé d’une trentaine d’années enchaîne les appels de phares, coups de klaxon, collisions, insultes et menaces au volant de sa Peugeot blanche, créant la panique d’une famille qui circule tranquillement. Il est interpellé puis placé en détention. Son procès en comparution immédiate est renvoyé au 21 août. Vendredi dernier, le tribunal de Toulon a donc statué sur l’affaire. Et condamné Sami T., père de famille en instance de divorce. Au moment des faits, ce dernier était fortement alcoolisé (1,46 g d’alcool dans le sang). Le prévenu soutient qu’il « a bu une bière avant de prendre le volant » mais qu’il a ingurgité « trois flashs de whisky en attendant la police ».
Course-poursuite et grosse frayeur
L’explication en apparence fantaisiste de ce dernier est jugée « un peu étrange »par Ange Fiorito, le président du tribunal. D’autant que lors de la fouille effectuée par les forces de l’ordre, plusieurs canettes de bière Heineken sont retrouvées dans le coffre du véhicule. La conduite en état d’ivresse vient s’ajouter aux autres accusations : dégradation de véhicule, violence volontaire, mise en danger d’autrui et menace avec une arme blanche. La description de la scène qualifiée de « rodéo en ville » par le procureur Éric Moretti parle d’elle-même : « Monsieur T. était alcoolisé, il s’est engagé sur un rondpoint et croyait avoir la priorité alors qu’il n’en était rien. Il a percuté la voiture d’un usager de la route. L’un des deux témoins a décrit Monsieur T. comme un individu très excité et nerveux. Selon ce dernier, il aurait sorti un couteau d’une lame de 8 à 10 cm devant l’autre automobiliste. Lui et son épouse ont été bloqués. Ils ont tenté de se dégager à plusieurs reprises. » Il ajoute que le prévenu « est un chauffard qui n’assume pas les conséquences de ses actes ». Ses actes, ils ont provoqué la frayeur des époux, victimes de cette coursepoursuite. À bord de leur Citroën Picasso noire, en présence de leur petite-fille de 4 ans, ils sont percutés à plusieurs reprises et contraints de s’enfermer. Des traces ont été constatées à l’arrière de leur véhicule tandis que l’avant de la Peugeot du chauffard apparaît enfoncé. L’exploitation vidéo confirme cette version. « On voit la voiture de Monsieur T. percuter la Picasso », observe le tribunal correctionnel. Après une poursuite et plusieurs dépassements, les époux sont bloqués. La jeune enfant est en pleurs, la compagne de l’automobiliste hurle : la famille est « en état de choc psychologique » lors de sa prise en charge. Un jeune homme tente de calmer le jeu auprès du chauffard en attendant l’arrivée de la police. Dans cette affaire, un point d’ombre subsiste : il concerne le couteau – dont la longueur de la lame varie entre 8 et 10 cm selon les versions des témoins – avec lequel l’homme ivre aurait menacé la famille. Cette arme n’a jamais été retrouvée.
Des explications qui ne passent pas
La séance s’est tenue dans des mesures exceptionnelles. Crise sanitaire oblige, le procès s’est effectué à distance. Sami T. communiquait avec les membres du tribunal de Toulon à partir d’une salle de la prison de La Farlède, en visioconférence. C’est donc à travers un grand écran de télévision que le juge et ses assesseurs ont rendu leur décision au prévenu, vendredi soir Le casier judiciaire quasi vierge de l’autoentrepreneur (une conduite en état d’ivresse en 2016) ne suffit pas au tribunal de Toulon. Tout comme les tentatives d’explication du trentenaire (il se serait fait rentrer dedans en voiture et aurait enclenché une poursuite afin de faire un constat) qui s’est confondu en excuses lors de sa prise de parole. Sami T. est finalement déclaré « coupable de tout ». Une peine de douze mois de prison – dont six mois avec sursis et mise à l’épreuve sur deux ans – est prononcée. Les victimes devront être indemnisées par leur agresseur qui voit son permis de conduire annulé. Ce dernier a également « l’obligation de se soigner par rapport à l’alcool » ,a ajouté le tribunal.