Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
« Les cinémas sont vides et personne ne mettra le masque »
« Il faut être fou pour mettre le masque au cinéma ». S’il s’amuse en prenant la pose pour la photo devant un dessin représentant l’affiche de Shining, en réalité Jean-Marie Charvet rit jaune. Le propriétaire de plusieurs salles varoises et azuréennes (Sainte-Maxime, Fréjus, Saint-Raphaël et Menton) est déçu, le mot est faible, par les annonces du Premier ministre. « Aujourd’hui, les salles sont vides et personne ne mettra le masque devant le grand écran. Les clients nous le disent. Je ne suis pas d’accord pour les obliger à mettre un masque », assure-t-il.
En colère et inquiet
Jean-Marie Charvet étaye son propos en donnant des chiffres : « La fréquentation chuté. Le groupe a perdu 75 % du chiffre d’affaires sur les sept premiers mois de 2020 par rapport à la même période 2019. On a des salariés en chômage partiel, on a de la trésorerie, on a fait des prêts ». Il a aussi fermé le cinéma d’art et d’essai Le Vox (Fréjus) qui a perdu 95 % du chiffre d’affaires et annonce qu’il va rouvrir le 16 septembre avec une semaine Iberica Latina, consacrée aux films hispaniques et lusophones, du 17 au 28 septembre. « On a plein de projets culturels » dit cet amoureux du septième art, très affecté par la situation. Selon lui, « cette décision nous enfonce un peu plus. La distanciation au cinéma est naturelle. Même avant le virus, les gens, quand ils arrivent dans une salle, ne se mettent pas à côté des autres. Mais le masque, ça n’a aucun sens. En plus dans le noir, ils vont l’enlever. Qu’on ne compte pas sur moi pour faire la police ».
« Deux poids deux mesures »
L’exploitant estime également qu’il y a « deux poids deux mesures » .Etils’en explique : « Dans ce cas-là, il faut imposer le masque à la plage, où les gens sont les uns sur les autres, et où ils sont bien plus nombreux qu’au cinéma ». Il considère que « le gouvernement n’a aucun contact avec la réalité, ça se voit. S’ils allaient voir des films, ils verraient qu’il n’y a personne dans les cinémas. Ils ouvrent le parapluie. Et en plus on apprend ça le jour de la sortie de Tenet, qui devait attirer du monde. Franchement, on n’est pas aidé. Je suis très en colère ». Et même davantage : « La sortie de plein de gros films a été décalée, voire annulée comme Mulan . Je suis très inquiet pour l’avenir de nos métiers ».