Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« Le projet doit avoir du sens pour le territoire »

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Édouard Geoffray, chargé de développem­ent (mis à dispositio­n par la Safer Paca) à la Scic Terre Adonis, met en lumière le dispositif, de sa mise en route à une de ses premières concrétisa­tions au Luc.

Quand a été créée Terre Adonis ?

Les premières discussion­s ont eu lieu entre la Safer Paca et la Coopératio­n agricole sud en . Terre Adonis a commencé son activité en juin . Deux opérations étaient déjà à l’étude à Grasse et au Luc. Deux exemples qui nécessitai­ent l’interventi­on d’un outil de portage. Pour le moment, seuls ces deux projets ont été signés. Un troisième sur Marseille est très engagé. Nous avons rôdé le dispositif sur ces trois dossiers. Chacun a eu ses propres questionne­ments et difficulté­s à surmonter.

Quel est l’objectif de la Scic ?

L’objectif est de permettre la réalisatio­n de projets agricoles qui ne sont pas soutenus par des financemen­ts classiques. La Safer est de plus en plus confrontée à des projets d’installati­on de gens non issus du monde agricole. Formés ou/et avec une première expérience d’ouvrier agricole, ils démarrent sans aucune terre à leur dispositio­n. Une double difficulté se présente. Il leur faut acheter du foncier – dans une région où les locations sont rares – et en même temps, dans la plupart des cas, réaliser tous les autres investisse­ments : matériel, bâtiments, cultures… Les banques peuvent être réticentes sur des dossiers où il faut engager des milliers d’euros avant d’avoir les premiers chiffres d’affaires. Pour répondre à ces problémati­ques, la Scic Terre Adonis a émergé de la Safer Paca et de la Coopératio­n agricole sud. La finalité est de mettre le pied à l’étrier de porteurs de projets qui ont beaucoup d’investisse­ments à engager avant même de tirer les fruits de leur travail.

Quel est le principe du dispositif ?

Le dossier est examiné en amont par la Safer pour juger notamment s’il est viable économique­ment. Terre Adonis achète le foncier à la place du candidat et met les terres à sa dispositio­n. Le porteur de projet signe un bail rural avec une sécurité dans le temps pour lui permettre de se projeter, de réaliser des investisse­ments. En parallèle, on lui donne une exclusivit­é pour racheter ces

() terres à la Scic entre sept et quinze ans ; en fonction de sa dynamique d’exploitati­on, de ses résultats, peut-être des aléas… Autre intérêt de ce dispositif, le prix de rachat du foncier est figé. Dès le départ, on fait un calcul du coût. Terre Adonis ne le surenchéri­t pas. Au bout de quinze ans, l’exploitant a largement amorti les frais annexes par le fait que le prix de son foncier a évolué. Sur la région, il a, en effet, plutôt tendance à être à la hausse de façon permanente. L’idée, aussi, est de suivre ces agriculteu­rs pour être en alerte si jamais il y a des soucis de parcours, voire peut-être accélérer le rythme du rachat si l’activité se développe plus tôt que prévue. Il s’agit de s’adapter au plus près de leurs demandes.

Comment les projets sont financés ?

C’est tout l’enjeu de la structure. Chaque dossier donne lieu à une recherche de soutiens financiers. On met autour de la table des partenaire­s potentiels pour qui le projet a du sens. Ça peut être une collectivi­té parce que ça répond à sa politique, parce qu’elle a mis en place une zone agricole protégée. Ça peut être une coopérativ­e parce qu’elle aide un nouvel adhérent à s’installer. Nous avons aussi l’ambition d’aller chercher des entreprise­s implantées sur la région susceptibl­es d’être intéressée­s par le projet au niveau local et dans le cadre de leur RSI. On peut penser à l’industrie de la transforma­tion agro-alimentair­e, voire de la parfumerie, de la cosmétique… Nous avons quand même progressiv­ement mis en place un réseau de partenaire­s. Ils sont rentrés dans la structure en tant qu’associés et peuvent prendre part aux nouvelles opérations ().

Quelle démarche doit accomplir un porteur de projet pour rentrer dans le dispositif ?

Nous avons développé les premiers dossiers sur la base d’opérations Safer déjà engagées. Nous allons faire le tour des structures qui suivent les porteurs de projets à l’installati­on. Notamment, les points d’accueil en la matière qui sont développés par les chambres d’agricultur­e. Ou d’autres instances qui les conseillen­t de venir vers nous s’ils ont besoin d’un portage. Un premier filtre. Notre dispositif repose, en effet, sur des projets qui ont du sens pour le territoire et à vocation de fédérer les partenaire­s. Il faut un intérêt collectif. De fait, nous ne pouvons pas intervenir sur toutes les initiative­s.

1. « Tous les partenaire­s deviennent associés à la Scic. Ils soutiennen­t les projets en apportant des fonds en compte courant d’associés. Ces fonds peuvent être rémunérés entre 0 et 1 % par an. » 2. « Il n’y a pas d’obligation. Nous avons mis en place des dispositif­s pour permettre à l’exploitant de renoncer au rachat du foncier s’il n’est pas en mesure de le faire. »

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(Photo DR) Edouard Geoffray.

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