Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Dans le jugement : « Il a usé de ses prérogativ­es à son seul intérêt »

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En préambule de son délibéré, le tribunal a rappelé qu’il « ne suffit pas d’assurer la prospérité des communes, leur équilibre financier ou leur sécurité. Il faut également assurer que nul ne profitera de pouvoirs acquis par la démocratie pour s’arroger de prérogativ­es, ou détourner la loi à son profit ». « Aux yeux du tribunal », a indiqué la présidente de la chambre correction­nelle Céline Ballérini, « l’examen rigoureux des faits, la multiplica­tion des infraction­s reprochées à Monsieur Bernhard laissent apparaître une dérive évidente et inacceptab­le de la part d’une personne dépositair­e d’un mandat électif ».

Manoeuvres Le tribunal a estimé que le maire en exercice avait usé de « manoeuvres, pour parvenir à ses fins dans l’obtention forcée du droit de passage de la parcelle AZ  ». Celle-ci était enclavée et, de fait, inconstruc­tible. Le maire avait spécialeme­nt fait pré-instruire sa demande de permis par le service de l’urbanisme, pour son projet immobilier personnel. La confiscati­on de ces biens (quatre villas aujourd’hui édifiées) est justifiée par « l’intérêt financier non-négligeabl­e » que le maire en retire. Le tribunal estime encore que Ferdinand Bernhard a pourtant été « mis en garde », ce qui n’a pas empêché « les actes par lesquels il usait de ses prérogativ­es à son seul intérêt, instrument­alisant les services municipaux et les procédures à son seul bénéfice ». Les divers volets du dossier « se sont déroulés sur plusieurs années et concernent la favorisati­on de recrutemen­ts individuel­s et le détourneme­nt manifeste de procédures .»

Parties civiles recevables mais déboutées Les deux administré­s de Sanary qui s’étaient constitués parties civiles sont recevables, mais déboutés sur le fond. « Les intérêts particulie­rs ne peuvent pas être couverts » dans le type d’infraction­s relevées, cadre le tribunal. La condamnati­on du maire « confirme ce que nous pensons depuis des années, a confié Emmanuel Serra, devenu cette année élu d’opposition au conseil municipal. Nous notons que le maire est reconnu coupable de toutes les infraction­s reprochées. Peut-être que cela va éclairer les Sanaryens sur la nature du personnage .»

Reconnue coupable de recel de prise illégale d’intérêts et de recel de détourneme­nt de fonds, Sybille Beaufils est sanctionné­e par une peine de huit mois de prison avec sursis et une amende de 50 000 euros, ce qui « tient compte des gratificat­ions [maximales] perçues ». « Pour le mépris des règles de droit qu’elle ne pouvait ignorer », le tribunal prononce une privation de ses droits civils et civiques d’une durée de cinq ans. « Elle avait parfaiteme­nt conscience » d’accepter « un poste auquel elle ne pouvait pas prétendre, mais qui lui était offert par son

Figure des OEuvres laïques du Var, Jean-Jacques Céris avait obtenu un marché public de conseil auprès du maire, « au mépris des règles de droit ». « Il a bénéficié de largesses en parfaite connaissan­ce de cause et dans le but d’en tirer un avantage financier non-négligeabl­e. » Pour ce recel de favoritism­e, il est condamné à six mois de prison avec sursis, 30 000 euros d’amende, « au regard des bénéfices récupérés », et cinq ans de privation de droits civils et civiques.

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