Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Fête annulée : les forains montrent les muscles Lorgues
À la suite de l’arrêté municipal annulant la foire qui devait se tenir les 19 et 20 septembre, les commerçants nomades ne décolèrent pas. Ils menacent de passer en force
Le dialogue est cordial, mais il ne faut pas s’y tromper : c’est bien un rapport de force qui se prépare à Lorgues. Entre la municipalité et les forains, le torchon brûle. Et vu comment chaque partie campe sur ses positions, on ne voit pas bien comment il pourrait en être autrement. Jugez plutôt. Tout commence par un pangolin. Suivent ensuite : une pandémie mondiale, un confinement, un déconfinement et une rentrée scolaire. L’étape suivante, dans le village de l’ouest de la Dracénie, ce devait être la fête votive de la SaintFerréol. Mais entre-temps, le département voit s’envoler le nombre de cas de Covid, et passe en “rouge” pour signifier la circulation très active du virus sur le territoire. Un classement qui inquiète Claude Alemagna, maire de Lorgues. Ce dernier prend une décision impopulaire, « et pas de gaîté de coeur » : l’annulation des événements festifs ou culturels. Dont la Saint-Ferréol. Annulant par là même la venue d’une cinquantaine de manèges. Et provoquant la colère d’une profession.
« Pas de problème dans les autres villages »
« Mardi, la fête foraine sera installée », lance Eric Cicéron, vice-président de l’Union défense active foraine (Udaf). Venu avec une quarantaine de collègues au pied de l’hôtel de ville, le forain parle d’un ton calme, et son discours ne manque pas d’arguments. « Déjà, nous avons reçu l’autorisation de la préfecture de placer nos manèges. » Pourtant, les services de l’Etat, au moment d’apprécier l’arrêté municipal, n’ont pas émis d’observation quant à sa légalité. Reste qu’une mise en demeure enjoignant le maire à annuler sa décision a été formulée par l’avocat des commerçants. De plus, plusieurs d’entre eux seront reçus jeudi en préfecture pour évoquer la question. Mais ce n’est pas le seul atout qu’Eric Cicéron sort de sa manche. « Des fêtes, il y en a eu plusieurs près d’ici. Au Luc le week-end dernier, ça s’est très bien passé. Pareil, à Aups, le maire avait des craintes : nous l’avons rencontré et tout s’est réglé. » Reste que pour le rassurer il faut encore pouvoir lui parler. Et Claude Alemagna refuse de recevoir les forains. C’est d’ailleurs son adjoint à la sécurité, Philippe Héry, qui était, hier, auprès du groupe de mécontents, pour répondre calmement aux griefs. Et l’absence du premier magistrat n’est pas passée inaperçue. « Il a l’obligation de convoquer une commission paritaire pour gérer l’occupation du domaine public. Il n’en est pas propriétaire », affirme Eric Cicéron, qui abat ensuite sa dernière carte. « Si nous étions tous logés à la même enseigne, on pourrait comprendre la décision municipale. Mais le marché, qui attire des centaines de personnes, continue d’être autorisé. Et les commerces tout autour restent également ouverts. Pourquoi nous n’aurions pas le droit, nous de continuer à travailler ? »
Menace contre menace
Sur place, hier, c’est donc très déterminé que le groupe de forains a montré les muscles, devant quelques garants de la sécurité publique (gendarmes et policiers municipaux), sans qu’aucun débordement ne soit à déplorer. «On
n’est pas là pour ça », lâchaient quelques commerçants. Mais il n’est pas dit qu’un tel apaisement entoure l’action des forains, mardi 15 septembre. « Comme d’habitude, après le marché, on va installer nos manèges », promet Eric Cicéron. Une menace à peine masquée, à laquelle l’adjoint à la sécurité répond : «Ils viennent tous les ans. En toute sympathie, je peux dire que si cette année ça se passe mal, on sera peutêtre plus regardant l’année prochaine au moment d’autoriser une nouvelle fête. » Ambiance…