Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Covid- : c’est (pas si) compliqué
Quand Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, promet, pour aujourd’hui, de nouvelles « mesures rapides et fortes face aux risques imminents », combien de paires de sourcils froncent à travers tout l’Hexagone ? Par crainte de découvrir une nouvelle usine à gaz. La France est devenue un vaste laboratoire, où chaque semaine, il faut réviser son Covid mode d’emploi, devenu aussi complexe qu’un roman russe. Forcément, on perd le fil. Pas sûr que les représentants locaux de l’État arrivent, eux-mêmes, à suivre le rythme. Vous en doutez ? La préfecture des Alpes-Maritimes, pionnières du confinement à la carte, planche depuis trois jours sur un arrêté encadrant les deux prochains week-ends sous cloche. Hier soir, elle n’était pas encore venue à bout de cette prouesse administrative. Aujourd’hui peut-être (ou alors demain), le casse-tête sera étendu à d’autres régions de France. Des milliers de fonctionnaires en frémissent d’avance. Dans ce pays qui a inventé la pataphysique, autrement dit la « science des solutions imaginaires », toute sortie du domicile familial est devenue une sortie en terre inconnue. Est-ce la bonne attestation ? Aux bonnes heures ? Suivrai-je le bon itinéraire sans risquer € d’amende ? Risque tout relatif tant les contrôles sont quasi inexistants, loin des opérations de prévention savamment orchestrées devant l’objectif des caméras. À force de changer sans cesse les règles du jeu, le risque est double : brouiller le message et perdre en efficacité. Si on peut comprendre la nécessité d’adapter la réponse à la menace, la ligne de conduite du gouvernement édictée par Olivier Véran, « d’abord des ripostes ciblées, des mesures de freinage précises et les étendre si cela est nécessaire » est brouillonne. Sur le papier, elle convainc. Sur le terrain, elle déçoit. Or, depuis le temps que nous consentons à tant d’efforts, nous avons désespérément besoin de preuves, d’indices, que l’épidémie ralentit sa course. Rien de bon à espérer dans l’immédiat des indicateurs de la contamination. Sinon le sempiternel « ça pourrait être pire ! ». Pour se motiver, il faudrait pouvoir se reposer sur le calendrier de vaccination. Or, nous lambinons. Seulement , millions de doses injectées jusqu’à présent, c’est tellement peu ! L’État promet d’accélérer. Les grands laboratoires répondent par d’incessants retards dans la production. Comme si, une fois l’autorisation de mise sur le marché obtenue, ils étaient immunisés contre toute forme de protestation.
« À force de changer sans cesse les règles du jeu, le risque est double : brouiller le message et perdre en efficacité. »