Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
« Renaud Muselier n’est pas quelqu’un d’infréquentable »
Gilles Savary, délégué général de Territoires de Progrès, aile gauche de la majorité présidentielle, se dit ouvert à toute coalition en vue des régionales. Ce jeune parti travaille déjà avec d’autres
Gilles Savary n’est pas seulement le délégué général de Territoires de Progrès, il en est aussi un des fondateurs avec les ministres Jean-Yves Le Drian et Olivier Dussopt. Son parti constitue une des composantes de la majorité présidentielle.
Créé en février 2020, Territoires de Progrès a attiré des Varois dans ses rangs, tels Cédric Dubois, maire de Salernes, Arnaud Dot, adjoint au maire du Beausset, Philippe Moginot, député suppléant de la 7e circonscription du Var, ou encore le sénateur André Guiol. Son délégué départemental François Volpi, est élu municipal à Barjols et attaché parlementaire de la députée La République en Marche (LREM) Valérie Gomez-Bassac.
Territoires de Progrès cherche à rassembler autour d’une liste pour les élections régionales de juin. Gilles Savary qui a été député de la Gironde de 2012 à 2017, présente son parti comme un mouvement social-démocrate, réformiste, européen et indépendant mais « ouvert à toutes les composantes politiques qui veulent bien travailler avec la majorité présidentielle. »
Pourquoi avoir créé Territoires de Progrès ?
En , Emmanuel Macron a assis sa victoire avec une majorité de gens de gauche, des déçus du PS, qui n’avaient pas supporté son naufrage et l’empêchement de François Hollande de se représenter. Certains sont partis avec Emmanuel Macron, au sein de LREM. Nous avons créé
Territoires de Progrès, car aujourd’hui, nous voulons retrouver une identité politique. Nous sommes prêts à travailler avec des gens, qui ne sont pas de notre sensibilité de gauche, face à certaines menaces, comme le clivage anti-républicain, le clivage qui doute de la démocratie, le clivage national-populiste. Il y a des enjeux qui font qu’aujourd’hui, on peut se rapprocher de la droite.
LREM ne peut pas se débrouiller seul en ?
Nous avons la conviction qu’à la présidentielle l’an prochain, le macronisme ne peut plus s’incarner dans une seule formation politique, LREM. Sa base est beaucoup trop étroite. Elle s’est considérablement rétrécie à l’usure du pouvoir et des épreuves. Il faut donc bien que Macron envisage une coalition et nous, ça nous va.
Ce n’est pas la tambouille politique qui prévaut. Et pour les régionales, en ce qui nous concerne, nous voulons présenter un projet, notamment pour la Provence, afin de lui éviter de basculer dans le Rassemblement national.
Comment vous positionnez-vous dans cette perspective ?
Nous sommes dans la majorité présidentielle et nous cheminerons ensemble dans ce que l’on appelle la maison commune de la majorité, avec quatre composantes Agir – filiation Juppé-Philippe –, le MoDem – filiation Bayrou –,
LREM – filiation le président de la République – et Territoires de Progrès. Nous négocions ensemble, à la fois pour les élections régionales (en Provence-Alpes-Côte-d’Azur, notre cheffe de file est Sophie Cluzel, secrétaire d'État chargée des personnes handicapées) et pour les départementales.
Vous êtes donc proche de Christophe Castaner, prêt à faire alliance avec Renaud Muselier ? Christophe Castaner, LREM, veut se rapprocher de M. Muselier pour les régionales. Ce qu’il a fait, ça l’engage. À Territoires de Progrès, nous sommes dans les mêmes dispositions que LREM. C’est-à-dire que sur l’essentiel, à condition, évidemment, que cela se fasse sur la base d’un contrat de programme équilibré, on est prêt à travailler avec tous les démocrates et républicains.
Nous sommes ouverts à toute coalition, dès le premier tour, en refusant les extrêmes, les illibéraux de gauche comme de droite, et en refusant l’enfermement national populiste. À partir de là, par rapport à Renaud Muselier, tout est ouvert mais rien n’est décidé. Pour nous, il n’est pas quelqu’un d’infréquentable. Mais si j’ai bien compris, M. Muselier est beaucoup moins emballé par la perspective que ne l’est Castaner.
Et avec Christian Estrosi, qui semble plus proche de LREM que Renaud Muselier ?
Pour le moment c’est assez clair, cette région est tenue par les Républicains. C’est à eux de régler leurs affaires entre eux. Je n’ai pas à dire que M. Estrosi est plus fréquentable que M. Muselier. Nous acceptons par principe tous ceux qui veulent travailler avec la majorité présidentielle.
Pas d’alliance avec les écologistes ?
On voit bien que chez Les Verts il y a beaucoup de gens d’extrême gauche. Ils ont d’autres visées que de faire simplement de l’environnement. Ils veulent basculer le système. Comment dans ce cas préserver notre modèle social, notre liberté, notre sécurité sociale ? Cependant, les écologistes ouverts, qui n’ont pas peur de fréquenter la majorité présidentielle, sont les bienvenus. Ensuite, il ne s’agit pas de casser complètement notre économie et de créer des cohortes de chômeurs pour être les champions du monde de l’écologie. Il faut laisser le temps à la transition écologique même si l’écologie va être la grande affaire du XXIe siècle.