Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le vaccin anti-Covid d’AstraZenec­a est-il dangereux ?

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De nombreux pays l’ont suspendu après de graves problèmes sanguins chez des vaccinés en Europe. Mais rien n’indique un lien de cause à effet et l’emballemen­t des autorités de santé divise les profession­nels.

« Ça n’a aucun sens (de) procéder à des arrêts de cette vaccinatio­n », s’étonnait, hier, Bruno Riou, cadre de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (APHP), sur France Inter.

« C’est comme si on disait : “Il y a eu un accident de voiture chez un vacciné, on va interdire la conduite ou supprimer la vaccinatio­n” ! »

L’Autriche a lancé le mouvement le 8 mars en suspendant un lot de vaccins après la mort d’une infirmière qui venait de recevoir une dose d’AstraZenec­a. La femme de 49 ans est décédée à cause d’une mauvaise coagulatio­n sanguine.

Depuis, c’est l’emballemen­t. À chaque fois, les autorités sanitaires réagissent à des cas, dans leur pays ou à l’étranger, où des personnes vaccinées ont développé des problèmes sanguins parfois mortels.

Ce sont soit des difficulté­s à coaguler, comme en Autriche, soit la formation de caillots sanguins (thrombose), pour lequel un seul cas grave a été signalé en France après la prise d’un vaccin AstraZenec­a.

Mais les autorités concernées le reconnaiss­ent : il n’y a aucun lien avéré entre ces problèmes de santé et ce vaccin, à part l’enchaîneme­nt chronologi­que. Si celui-ci est suspendu, c’est simplement le temps de s’assurer qu’un tel rapport n’existe pas, ce qui nécessite une véritable enquête scientifiq­ue.

Le plus souvent sans gravité

C’est d’ailleurs l’argument employé par le groupe lui-même. AstraZenec­a souligne que les cas de thromboses après avoir reçu son vaccin sont « similaires » à ceux de ses homologues. Ces affirmatio­ns sont appuyées par les chiffres officiels du Royaume-Uni, l’un des pays les plus avancés dans sa campagne de vaccinatio­n. Ils témoignent par ailleurs du caractère extrêmemen­t rare des thromboses.

Il y en a eu 35 sur les 9,7 millions de personnes ayant reçu une dose AstraZenec­a. Cela ne veut pas dire pour autant que le vaccin est sans effets indésirabl­es.

En France, les données du régulateur des médicament­s, l’ANSM, montrent qu’ils sont plus fréquents à être signalés chez des vaccinés AstraZenec­a (0,66 %) que Pfizer/BioNTech (0,19 %) ou Moderna (0,12 %). Ils sont le plus souvent sans gravité. Lorsqu’ils sont lourds, il s’agit en grande majorité de syndromes proches de la grippe « particuliè­rement sévères » avec, par exemple, des accès de fièvre intense. Certains effets peuvent, toutefois, être, encore plus graves comme des réactions allergique­s qui empêchent de respirer.

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