Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Proprios irrités de forêts trop fréquentées
Jusque-là adeptes de la tolérance, les propriétaires forestiers privés, qui représentent plus de 70 % de la surface boisée varoise, n’en peuvent plus des incivilités et nuisances sur leurs parcelles.
Les temps ne sont pas si loin où régnait comme un modus vivendi entre les propriétaires forestiers, promeneurs et adeptes de loisirs de plein air. Ce temps semble révolu et la révolte gronde chez ceux qui, contre mauvaise fortune bon coeur, font ressurgir avec force le pilier du Code civil qu’est le droit de propriété. L’usus, le fructus et l’abusus, principe intangible de notre droit, est ainsi foulé aux pieds par des populations inconvenantes, considérant la forêt comme leur, y pratiquant leurs activités comme à la maison, se foutant pas mal de la nature qu’ils détruisent, un à un, et de façon méthodique. En pillant sans vergogne les fruits de la forêt, quand il ne s’agit pas d’y parsemer de fâcheux agrégats corporels, agrémentés de bouteilles si faciles à porter pleines mais impossibles à ramener vides. À monde de sauvages, réactions légitimes de possédants !
Des marrons pour les châtaignes
À Camps-la-Source, Fabienne Capi est excédée et s’attache à réveiller de son sommeil le syndicat des propriétaires, qui fédère une cinquantaine de familles sur quelque 200 hectares de châtaigniers.
« Quand bien même l’accès interdit à nos parcelles est indiqué, nous avons affaire à une nouvelle “prédation” issue des réseaux sociaux. Là où, hier, des promeneurs se baladaient tranquillement, aujourd’hui, ils diffusent des données GPS via internet et incitent des milliers de personnes à se rendre sur les sites… forestiers.
Sans compter les vététistes, guidés par des “shapeurs” qui, cagoulés, ouvrent des pistes à la tronçonneuse et font des vidéos pour inviter leurs camarades à pratiquer. On les considère comme des héros et ils ont ainsi tracé un parcours entre Saint-Quinis, les châtaigniers et Flassans où l’on voit 70 deux-roues se pointer d’un coup. Sans compter que l’on doit supporter les motos, randonneurs et autres cavaliers qui organisent des circuits sur nos propriétés. »
Avec, à la clé, des razzias sur les champignons, châtaignes, houx (protégé) et autres mousses, synonymes de dégâts dommageables pour l’environnement.
« Je n’en vis pas, mais je n’ai pas récolté un kilo de châtaignes sur ma propriété, je n’ai plus qu’à ratisser et nettoyer ma parcelle, ne décolère pas Fabienne Capi. D’autant que la plupart des gens n’ont même pas la politesse de dire bonjour et vous jettent un oeil noir parce que leurs chiens sont en liberté… chez vous ! Est-ce que je viens me balader dans votre jardin ? »
Alors, l’offensive se prépare :
« Jusqu’à présent, il y avait une certaine tolérance. Les derniers événements sur la commune y ont mis fin ! » La contre-offensive se prépare donc, là où la paix régnait. Avec des gardes assermentés à l’affût et des opérations de gendarmerie.
Et s’il est vraiment dommage d’en arriver là, sortir le carnet à souche dans une forêt, n’est pas si inepte que ça…
‘‘ La plupart des gens n’ont même pas la politesse de dire bonjour et vous jettent un oeil noir parce que leurs chiens sont en liberté… chez vous !”