Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Décapité de Toulon : le suspect a parlé

- SO. B.

En fin de semaine dernière, il est passé d’une chambre surveillée en hôpital psychiatri­que, à une cellule prison.

Le principal suspect de l’agression qui a coûté la vie à un SDF de 56 ans à Toulon, le 1er février, a été mis en examen pour acte de torture, ou barbarie, et meurtre, puis écroué (Var-matin du 12 février). La victime a été tuée à l’arme blanche et décapitée, dans un appartemen­t du centre-ville de Toulon.

Pour son tout premier interrogat­oire, Damien C. n’a pas gardé le silence, confie l’avocate qui l’assiste. «Ila une volonté de collaborer. Il s’est exprimé devant le juge d’instructio­n, confie Me Valérie Martin-Portalier. Son état psychique s’est stabilisé, mais on sent une déconnexio­n. »

« Des forces qui le dépassent »

Le jour du meurtre, et de son interpella­tion par le Raid à son domicile, le suspect n’était pas dans un état normal (nos éditions précédente­s).

« Au moment des faits, il était en état de délire, c’est une certitude, poursuit l’avocate. Les faits qui lui sont reprochés semblent provenir de la peur de mourir et de forces qui le dépassent. » Le militaire âgé de 40 ans, officier marinier sur la base navale de Toulon, tenait des propos incohérent­s et semblait hagard. Son état mental avait été jugé incompatib­le avec une garde à vue,

après un examen par un expert psychiatre, et le Toulonnais avait fait l’objet d’une hospitalis­ation d’office.

L’enquête a montré que Damien C. avait fait venir, à son domicile, deux hommes sans-domicile fixe, pour y passer la nuit. De grandes quantités d’alcool avaient été achetées, et consommées. Le meurtre a eu lieu le lendemain, à la mi-journée. « Tout le monde était alcoolisé et sans doute sous l’effet de substances, fait valoir Valérie Martin-Portalier. Il y a eu une altercatio­n et un gros conflit entre les trois hommes dont l’un semblerait avoir de très graves antécédent­s judiciaire­s. On se dirige vers une violente bagarre, avec une lutte. »

Une énigme

Dans ce dossier, l’autre homme interpellé et inquiété est un sans-domicile fixe de 47 ans, qui a été mis en examen pour non-assistance à personne en danger. Cet homme, Andy T., a également été placé sous le statut de témoin assisté pour meurtre (1). Il a effectivem­ent de lourds antécédent­s judiciaire­s. Il est le troisième homme qui a passé la nuit, dans ce logement du centre ancien de Toulon, avec la victime et le suspect. Le profil de Damien C. reste une énigme. Militaire en poste à la Marine nationale à Toulon, affecté à terre, sa vie semblait tout à fait ordinaire, installé en couple et père de quatre enfants. «Danslecour­sdesavie,ily a eu une fracture, une grosse rupture, estime Me Valérie Martin-Portalier. Son parcours a bifurqué de façon étonnante. Il a vécu une décompensa­tion, que les spécialist­es expliquero­nt. Il était inséré, profession­nellement. La vie qu’il menait semblait normale, même si une dérive se profilait. Le divorce et le fait d’être privé de ses enfants l’avaient atteint. »

Le militaire n’était plus réapparu à son travail depuis le 26 janvier, après un arrêt maladie de plusieurs semaines. La Marine nationale avait engagé une procédure pour « désertion » à son encontre. L’enquête judiciaire est ouverte à Toulon, confiée aux policiers de la sûreté départemen­tale du Var. 1. Cette incriminat­ion particuliè­re avait été explicitée par le parquet de Toulon : « Le juge considère qu’il aurait pu faire quelque chose pour la victime, mais qu’il n’a pas participé au meurtre » (Var-matin du 9 février).

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(Photo Laurent Martinat) Le er février à la mi-journée, avant l’assaut du Raid.

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