Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

L’art de l’ellipse

- de PATRICE MAGGIO Directeur adjoint des rédactions du groupe Nice-Matin edito@nicematin.fr

En dire peu pour ne pas prendre le risque de se contredire : c’est l’art de l’ellipse. On pense avoir entendu ce qui n’était que sous-entendu. Illustrati­on : « pas de mesure supplément­aire » pour la région Sud a déclaré hier Gabriel Attal, porte-parole du gouverneme­nt. Donc, pas de week-end confiné supplément­aire pour la bande littorale des Alpes-Maritimes ? Oui, enfin non...

Quelle que soit la décision annoncée ce soir par le Premier ministre, le gouverneme­nt aura beau jeu de rappeler que ce qui n’a pas été dit n’a pas été dit, mais que l’on devait prendre pour acquis ce qui n’était que sous-entendu. Vous suivez ? Mieux vaut ça qu’encourager les Français à se vacciner à l’AstraZenec­a le dimanche, à annoncer son retrait provisoire le lundi, à réclamer sa dose pour montrer l‘exemple le mardi, dans une infernale danse de saint-guy du couple exécutif qui donnerait le vertige aux milonguero­s, les rois du tango argentin. Les Français ne sont pourtant pas les maîtres du pas de deux : l’organisati­on mondiale de la santé « estime que la balance risques/bénéfices penche en faveur du vaccin d’AstraZenec­a » .Du moins, « pour le moment ». Très rassurant, vraiment.

C’est le drame de la technocrat­ie. Elle dit ce qui est, sans précaution, sans affect particulie­r. Et s’étonne de provoquer la confusion quand elle prétend chercher la précision.

Imaginons les conséquenc­es de cette période truffée de demi-décisions et de semi-renoncemen­ts, pour les fonctionna­ires du monde entier, en particulie­r les français.

D’ordinaire, leur quotidien est rythmé par les procédures, les allers-retours des parapheurs, tampon, signature, retampon, re-signature. Un monde qui peut sembler désuet mais qui entretient précaution­neusement les rouages de la République.

Cette communauté de plusieurs millions de personnes déteste travailler dans l’urgence, parce qu’elles redoutent le faux pas, l’erreur, l’oubli, qui véroleraie­nt l’arrêté ou le décret tout entier.

Or, depuis un an, pas une semaine sans que les règles changent. La cadence - je l’écris sans la moindre ironie - est infernale.

On aimerait l’administra­tion plus transparen­te, plus réactive, plus interactiv­e, en ces temps de pandémie. Mais elle a d’autres soucis. Notamment celui de tenir la boutique France. Et c’est du travail.

« On aimerait l’administra­tion plus transparen­te, plus réactive, plus interactiv­e, en ces temps de pandémie. »

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