Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Viols au tribunal de Toulon : l’ex policier déclaré coupable

Claude Mardi a été condamné à douze ans de réclusion pour des viols et de harcèlemen­t sexuel commis dans le cadre de ses fonctions.

- V. W.

Tête basse, Claude Mardi a semblé encaisser sans frémir. Pourtant, le coup est rude. En condamnant l’ancien brigadier-chef à douze ans de réclusion criminelle, la cour d’assises du Var est allée bien au-delà des sept ans d’emprisonne­ment requis dans la matinée par l’avocat général Bernard Marchal. Un verdict « lourd » de l’aveu même de la principale victime de ce dossier, Angélique C.. « Le tribunal s’est montré plus sévère que la partie civile, c’est assez rare pour être noté », relève pour sa part, dépité, Me Philippe Vouland. Son client a annoncé dans la foulée sa volonté de faire appel.

Abus de fonction

La cour d’assises du Var a donc reconnu Claude Mardi coupable de l’ensemble des chefs d’accusation­s retenus à son encontre : viols sur Angélique C. et Rufino A. (1), ainsi que harcèlemen­t sexuel sur Kassandra N., Patricia D. et Nahima M.. Des faits, commis entre 2014 et 2018, aggravés par la fonction de policier qu’occupait alors le sexagénair­e. « Chef des geôles » du palais de justice de Toulon, il avait abusé de sa fonction en contraigna­nt Angélique C. à une fellation en échange d’un appel téléphoniq­ue. Peu importe, au final, que cet acte ait eu lieu avant ou après le passage de celle-ci en comparutio­n immédiate. « Même si, à un moment, elle a pu générer de la sympathie, ce n’était pas pour autant qu’elle voulait faire des fellations à tout le monde, grogne

Bernard Marchal. En tant que procureur, je suis dépité de voir que la confiance qui vous a été accordée en tant que policier n’a pas été respectée... »

Face aux huit faits, dont deux criminels, reprochés à leur client, Mes Valentin Loret et Philippe Vouland ont tenté, en vain, de dresser le portrait d’un homme dépressif, « qui n’était plus alors, dans sa tête, le chef des geôles ».« Il s’est laissé aller à une relation qui n’était pas celle d’un policier et d’un détenu .»

La rencontre de « deux souffrance­s »

Sans jamais contester les faits sur Angélique C. – « elle ne pouvait pas, dans ces conditions, donner son consenteme­nt libre et éclairé »–,même s’ils y voient plutôt la rencontre de « deux souffrance­s dans une incompréhe­nsion totale », la défense a tenté d’obtenir l’acquitteme­nt concernant le viol de Rufino et le harcèlemen­t sexuel. « Il y a un doute sur les traces ADN concernant Rufino A., pointe Me Loret. L’écouvillon qui a servi a été utilisé sur l’ensemble des toilettes .»

« Et mis à part Kassandra N., les autres victimes ne sont pas venues, précise Me Vouland. Nous n’avons pas pu vérifier leurs témoignage­s... »

Les jurés n’en avaient pas besoin pour se forger une intime conviction. Ils avaient déjà des aveux et une accumulati­on de preuves (et de victimes) qui ne laissaient aucune place au doute.

1. Son prénom a été modifié.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) L’avocat général et les parties civiles ont mis en avant les manquement­s de l’accusé aux obligation­s dues à son uniforme.

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