Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

L’impossible commémorat­ion du -mars pour les harkis

Demain, des cérémonies seront organisées pour commémorer le cessez-le-feu de 1962 en Algérie. Un scandale selon les harkis, pour qui cette date marque le début d’un long cauchemar.

- ANNE DUJARDIN adujardin@nicematin.fr

Demain, vendredi 19 mars, La Marseillai­se retentira dans les communes de France. Des gerbes seront déposées, des discours prononcés en souvenir de la signature du cessez-le-feu en Algérie après plus de sept années de combat (1954-1962).

Djamel Guedouar, président de l’associatio­n de harkis de Coeur du Var et Provence verte, ne participer­a pas au rendez-vous patriotiqu­e. Il sera symbolique­ment à Évian (où furent signés les accords et le cessez-le-feu, Ndlr), où il prononcera un discours pour demander, une fois de plus, l’annulation de cette cérémonie mémorielle.

« Il y a d’autres dates »

Selon lui « l’arrêt des combats et le cessez-le-feu n’ont pas été respectés ».

Après des années de combat, le cauchemar ne faisait que commencer pour les harkis, ces natifs de l’Algérie française engagés aux côtés de l’armée. «Des dizaines de milliers de harkis mais aussi leurs femmes et leurs enfants, ont été massacrés. Des hommes ont été émasculés, enterrés vivants, brûlés vifs. Comment peut-on commémorer cet événement ? Il y a d’autres dates pour se souvenir : le 5 décembre, qui est la journée nationale d’hommage aux Morts pour la France pendant la guerre d’Algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie ou le 25 septembre, journée nationale des harkis. » L’an prochain, les cérémonies célébreron­t le soixantièm­e anniversai­re du cessez-le-feu. « Nous voulons que cette date officielle du 19 mars soit abrogée, car elle commémore un massacre ! Nous demandons aux présidents nationaux des associatio­ns patriotiqu­es de ne plus y participer et de passer le message à leurs sections locales. »

Inlassable combat

Au-delà de cette date symbolique, Djamel Guedouar, luimême descendant de harkis continue inlassable­ment son combat pour que la France «reconnaiss­e ses responsabi­lités pour les massacres et les abandons des harkis et de leurs familles. Ces hommes ont été condamnés à la guerre, l’exil. Ils ont servi la France avec dévouement, loyauté et dignité. Tant de sang et de larmes ont coulé… »

« Qu’est-ce qu’on attend ? »

Plusieurs chefs d’État ont évoqué cette reconnaiss­ance « mais aucun n’est allé au bout,

tempête Djamel Guedouar. Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande… Depuis : rien. Ce que nous voulons, ce ne sont pas des paroles, mais une loi. Les anciens sont en train de disparaîtr­e. Qu’est-ce qu’on attend ? Qu’ils soient tous morts ? »

Le descendant de harkis espère encore un geste d’Emmanuel Macron. « Le Président veut la réconcilia­tion et a demandé un rapport en ce sens à l’historien Benjamin Stora. Mais dans ces conclusion­s, il parle de tout sauf des harkis. Il y a une promesse de libre circulatio­n entre la France et l’Algérie… Ce n’est pas ça le problème ! Il faut que le Président reconnaiss­e les responsabi­lités de la France avant l’élection de 2022, sinon on va encore attendre des années. Je ne comprends pas pourquoi c’est si compliqué. Ils ont reconnu le génocide des Arméniens. Pourquoi pas celui des harkis ? »

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(Photo doc DR) À leur arrivée en France, les harkis et leurs familles ont été logés dans des camps, comme ici, à Rivesaltes (Pyrénées-Orientales).
 ?? (Photo doc VM) ?? Vendredi, Djamel Guedouar sera symbolique­ment à Evian, lieu de la signature du cessez-le-feu, en .
(Photo doc VM) Vendredi, Djamel Guedouar sera symbolique­ment à Evian, lieu de la signature du cessez-le-feu, en .

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