Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Les cadres aussi menacés par le surendettement
Le virus, les confinements et le chômage partiel ont eu des conséquences sur le portefeuille de tout le monde. Chez certains, ces événements auront précipité la chute vers le surendettement.
Implantée dans le Var depuis de nombreuses années, l’association Crésus vient en aide aux personnes touchées par le surendettement. Avec la crise sanitaire, le nombre de dossiers est en augmentation. Aux côtés des profils habituels, certains cadres se sentant menacés commencent à frapper à la porte de la structure.
Tour d’horizon avec Catherine Sias, présidente varoise de l’association.
Quel état des lieux faites-vous de la situation actuelle ?
Au cours de l’année , nous avons reçu le même type de personnes : un public précaire, des familles monoparentales, des gens en intérim ou en CDI à temps partiel. La fourchette d’âge se situe entre et ans. Une bonne partie n’a pas le bac. Mais on sent que ça change depuis deux trois ans. Plus récemment, en décembre dernier, nous avons reçu des appels de cadre supérieurs. Des familles où par exemple un des deux se retrouve licencié ou mis à temps partiel. Il suffit d’avoir des emprunts en cours pour se mettre dans la difficulté. Ils viennent nous voir à titre préventif.
Vous sentez donc qu’une catégorie de la société se sent menacée…
Ces personnes sont interpellées et viennent par prévention. C’est notre rôle de prévenir. Elles commencent à se renseigner par peur. En général, ils sont propriétaires ou en cours d’accession, avec des annuités. Ils se posent des questions sur les mois à venir.
Quelles sont vos prévisions par rapport à ce que vous vivez sur le terrain ?
On sent une augmentation. En , la fréquentation va augmenter avec un public plus large. On estime que ce sera entre et % de plus. Si nous avons la possibilité de les prendre en charge, par rendezvous physique ou dans le cadre du télétravail.
Et en termes de chiffres ?
Nous traitons normalement une quarantaine de ménages à Brignoles. Et à Draguignan, on tourne autour de quatre-vingts dossiers.
Quelles sont les spécificités du territoire ?
Nous avons malheureusement un public très important ce secteur. En Dracénie, il y a beaucoup de personnes en difficultés financières. Ce sont des gens qui enchaînent les petits boulots. On a un peu moins ce problème-là autour de Brignoles. Ces difficultés viennent du passé. Il est lié aux inondations qui ont fait beaucoup de mal. Des familles ont perdu leur travail. Des entreprises et des usines ont du fermer. Les conséquences se ressentent toujours. Des jeunes ont été obligés de travailler rapidement plutôt que de faire des études. On les retrouve aujourd’hui. La situation économique fait qu’ils subissent davantage. Sauf qu’ici, les gens sont attachés à leur région. Ils ont plus de mal à la quitter et aller chercher du travail ailleurs.
À l’instant « T », les demandes ont-elles augmenté ?
On sent de manière générale que les gens sont en difficulté. Ils nous sollicitent pour du microcrédit. On a beaucoup de demandes pour intervenir sur le règlement de factures ou de découvert.
Quel est le premier geste à avoir quand on commence à s’endetter plus que de raison ?
Il y a souvent un déni de surendettement. Les personnes ne veulent pas poser un dossier. En passant par là, elles ont peur d’être stigmatisées davantage. Elles sont souvent noyées dans les infos qui arrivent. La première démarche à faire, c’est de demander des rachats de crédit ou de réaménagement, avant même d’être fiché. Dès qu’ils ont un découvert important qui ne fait qu’augmenter ils doivent venir nous voir.