Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Des historiens algériens veulent l’accès aux archives de leur pays
Des historiens et des chercheurs algériens réclament l’accès aux fonds d’archives en Algérie, dans une lettre ouverte adressée au président Abdelmadjid Tebboune et publiée, hier, dans des journaux locaux.
Cette démarche intervient après que Paris a décidé de faciliter l’accès aux archives françaises classifiées de la guerre d’Algérie (1954-1962), comme l’a préconisé le rapport de l’historien français Benjamin Stora sur la réconciliation mémorielle franco-algérienne. Dénonçant « les entraves bureaucratiques qui viennent à bout des chercheurs », une dizaine d’historiens exhortent le président Tebboune à ordonner l’application de la loi régissant les archives nationales « sans qu’interfèrent des interprétations personnelles qui vont à l’encontre de l’esprit même des archives qui sont un patrimoine de la nation ».
Sans le citer nommément, la lettre vise le directeur des archives nationales, Abdelmadjid Chikhi, chargé par Abdelmadjid Tebboune de travailler sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’indépendance, de concert avec Benjamin Stora.
Un devoir « moral » et « national »
Déplorant un verrouillage des archives algériennes qui dure depuis deux décennies, les signataires estiment agir par devoir « moral » et « national » car cette situation de blocage impacte « négativement les études historiques et le travail sur la mémoire nationale ». Les historiens s’étonnent qu’en dépit de l’intérêt du chef de l’Etat pour ce dossier, l’accès aux archives soit un parcours du combattant qui « vient à bout des chercheurs les plus opiniâtres ». Dans une déclaration au quotidien francophone El Watan, l’un des signataires, l’historien Mohamed El Korso, estime qu’il « est inconcevable de demander l’ouverture des archives en France, et de ne pouvoir les consulter convenablement en Algérie ».
A l’approche du 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie (5 juillet 1962), le président français Emmanuel Macron a engagé ces derniers mois une série d’« actes symboliques » afin de « réconcilier les mémoires » entre Français et Algériens.
Parmi ces gestes, Emmanuel Macron avait pris l’initiative au début du mois de faciliter l’accès aux archives classifiées de plus de cinquante ans, notamment celles sur la guerre d’Algérie. Dans une émission de la chaîne qatarie al-Jazeera, diffusée lundi, Abdelmadjid Chikhi a exigé la restitution de « la totalité » des archives de la période coloniale (1830-1962).