Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Correns : une amitié trop intéressée...

- V. W.

Pascale M. est peut-être passée à côté d’une belle carrière dans le cinéma. En tout cas, ses talents d’actrice ont berné pendant plusieurs mois Marie-José. Mais pas le tribunal correction­nel de Draguignan qui la jugeait dernièreme­nt pour abus de faiblesse.

Au début pourtant, cette amitié n’avait rien d’inhabituel­le. Les deux sexagénair­es, qui se sont rencontrée­s en juin 2017 devant le tabac de Correns, se découvrent vite une passion commune pour le tricot. Mais tout aussi rapidement, Pascale fait part à sa nouvelle amie de ses difficulté­s financière­s. Aux gendarmes, cette dernière a raconté qu’elle l’apitoyait « pour se faire remettre de l’argent ». Le coeur sur la main, « facilement influençab­le » comme le reconnaît son avocate et même « crédule et vulnérable » selon un expert psychiatre, Marie-José émet donc à son profit plusieurs chèques ou retire de fortes sommes en espèce, afin que Pascale puisse régler l’entretien d’une chaudière ou payer la caution de l’appartemen­t de sa fille.

Petit à petit, elle s’immisce même dans la vie privée de Marie-José. Au point de changer ses mots de passes d’accès à Internet, ou de fouiller dans ses relevés de comptes bancaires.

Plus de   euros de préjudice

Elle apprend ainsi que sa « chère » amie a reçu plus de 50 000 euros à la suite de la vente d’une maison. « Dès lors, les retraits vont être plus fréquents », pointe la présidente Marie-José Coureau-Vergnolle. Au total, les gendarmes établiront que la prévenue, absente à l’audience, a reçu pour plus de 17 000 euros de la part de Marie-José, « alors que celle-ci perçoit une retraite de seulement 800 euros par mois » note la procureure Lise Rambeaux. C’est d’ailleurs le conseiller bancaire de la victime qui a fini par l’alerter, après avoir constaté un nombre toujours plus élevé de retrait et aucune rentrée d’argent...

« Pascale M. ne profitait pas de la faiblesse de Madame, la défend Me Loubaki Kaya. La preuve, elle avait signé une reconnaiss­ance de dette d’un montant de 7 200 euros. Pour elle, les sommes avancées par Marie-José étaient de simples prêts, qu’elle avait même commencé à rembourser. » Pour appuyer la bonne foi de sa cliente, et surtout la connaissan­ce par Marie-José de son propre état de vulnérabil­ité, l’avocat présente un courrier que cette dernière avait écrit au procureur de Cambrai (Nord) en 2018 dans lequel elle lui demandait des renseignem­ents sur une plainte déposée pour... abus de faiblesse à l’encontre d’une autre personne. « Une lettre que la prévenue a fatalement découverte en fouillant dans les papiers de la victime » relève, fataliste, la présidente.

Malgré la plaidoirie de son conseil demandant la relaxe, Pascale M. est reconnue coupable et condamnée à six mois d’emprisonne­ment avec sursis et 8 000 euros de dommages et intérêts.

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(Photo Frank Muller) Une sexagnaire en difficulté financière a soutiré plusieurs dizaines de miliers d’euros à une amie.

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