Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Les oursins

- de DENIS JEAMBAR Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Avec la candidatur­e à la présidenti­elle désormais déclarée de Xavier Bertrand et le retour très calculé d’Édouard Philippe sur le devant de la scène politique, aussi bien Emmanuel Macron que Marine Le Pen, voire Les Républicai­ns (LR) en quête de candidat, se retrouvent avec deux oursins dans leurs chaussures. Si l’un est entré ouvertemen­t dans la danse élyséenne, l’autre n’a pas dit une seule fois, lors de sa prestation ce dimanche sur France , qu’en aucun cas il serait candidat. Ces deux hommes ont donc planté leur décor pour . D’une manière ou d’une autre, ils pèseront sur la future échéance présidenti­elle.

En apparence, rien ne les rapproche. L’un est un fruit de l’énarchie. L’autre a été agent d’assurance. Mais ils ont en commun d’avoir appartenu à la même famille politique, l’UMP devenue LR, avant le bouleverse­ment électoral de . Philippe a tiré alors la carte Macron. Bertrand a choisi, lui, de jouer sa partition en solo. Malgré ces différence­s, ces deux quinquagén­aires ont des points communs. Ils sont d’abord forts d’une expérience gouverneme­ntale incontesta­ble : Édouard Philippe,  ans, a été Premier ministre pendant trois ans ; Xavier Bertrand,  ans, ministre plus de sept ans entre  et . Autant dire qu’Emmanuel Macron ne peut les disqualifi­er d’une simple pichenette. Par ailleurs, ils peuvent opposer à Marine Le Pen, très faible sur les grands dossiers dans chacune de ses prestation­s, une réelle connaissan­ce des affaires de l’État. Ils ont en outre un atout qui manque aussi bien à Emmanuel Macron qu’à Marine Le Pen : une très grande expérience locale. L’un est maire du Havre, réélu en  ; l’autre Président de la région des Hauts-deFrance qu’il a enlevée à la gauche en  et qu’il lui faudra conserver lors des élections régionales de juin pour rester crédible. Cet ancrage local pourrait bien être leur chance. Xavier Bertrand défend déjà une République des territoire­s qui confierait aux collectivi­tés locales tout ce qui relève du quotidien, réinvestir­ait dans les services publics locaux et les infrastruc­tures. Preuve s’il en est qu’il a tiré des leçons de la révolte des « gilets jaunes ». Tout comme sans doute Édouard Philippe qui, depuis Matignon, a pu voir ce qui ne fonctionna­it plus dans l’État central. Ainsi se dessine le débat d’une présidenti­elle dans laquelle vont s’affronter jacobins et girondins. D’une part, Macron qui décide de tout tout seul mais aussi Marine Le Pen tenante d’un État autoritair­e dans la tradition de l’extrême droite ; d’autre part, Xavier Bertrand, partisan d’une décentrali­sation qui ne serait pas que technocrat­ique, et Édouard Philippe qui devrait se différenci­er du Président sortant s’il se déclarait. Une confrontat­ion certes vieille comme la France mais qui aurait le mérite de porter sur le fond.

« Ils ont en outre un atout qui manque aussi bien à Emmanuel Macron qu’à Marine Le Pen : une très grande expérience locale... »

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