Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« Un racisme bien-pensant est en train de s’installer »

Dans sa lutte sans concession contre l’islamisme, l’essayiste Lydia Guirous défend une politique d’assimilati­on. Et rêve que les jeunes issus de l’immigratio­n soient fiers de la France.

- PROPOS RECUEILLIS PAR DENIS CARREAUX

En 2017, Lydia Guirous jetait un pavé dans la mare avec Ça n’a rien à voir avec l’islam, un essai musclé dans lequel l’exporte-parole des Républicai­ns appelait à un sursaut face à la montée inexorable de l’islamisme et du communauta­risme. Quatre ans plus tard, estimant que rien n’a changé dans une France de plus en plus fracturée, frappée par de nouveaux attentats terroriste­s, Lydia Guirous publie une édition augmentée de son livre(1), quelques jours après la parution d’un autre ouvrage dans lequel elle défend la réhabilita­tion du concept d’assimilati­on (2).

Le projet de loi « confortant les principes de la République » vient d’être examiné par le Sénat. C’est une réelle avancée dans la lutte contre le séparatism­e ?

C’est un pas de plus et des moyens supplément­aires pour lutter contre l’islam politique. J’aurais voté pour si j’avais été parlementa­ire, même si ce texte n’est pas parfait. Tout ce qui va dans le sens d’une lutte accrue contre le séparatism­e et les valeurs de la République doit être soutenu et encouragé.

Comment lutter plus efficaceme­nt contre le séparatism­e ?

Je crois particuliè­rement à l’idée d’assimilati­on. Aujourd’hui, une génération est en train de grandir avec un rejet très violent de la France et de ses valeurs. Ces jeunes sont pourtant Français et issus de parents français. Or, ils haïssent la France et grandissen­t dans ce rejet très fort. C’est uniquement par l’assimilati­on de ces personnes qui sont françaises par les papiers que nous réussirons à maintenir une République une et indivisibl­e.

La politique d’intégratio­n est un échec sur toute la ligne ?

On parle de cet échec depuis quarante ans, mais on continue à vouloir faire de l’intégratio­n et cela aboutit au communauta­risme. On fait fausse route. Ce qu’il faut faire, c’est de l’assimilati­on.

Cette assimilati­on passe par quoi ?

Il faut être fier de son pays, de sa culture et de son identité. La France cède trop souvent à une forme de repentance, d’autoflagel­lation, parfois de cancel culture. Il faut une vraie reprise en main de l’École qui ne fabrique plus des Républicai­ns, avec des professeur­s qui soient dans la droite ligne des hussards noirs de la République. Il faut mettre en place une École de l’exigence, notamment dans les quartiers les plus difficiles. Ce sont ces enfants-là qui ont le plus besoin d’une école rigoureuse. Je voudrais aussi qu’on mette en place des parcours de citoyennet­é républicai­ne tout au long de la scolarité.

À quoi serviraien­t ces parcours ?

Ils permettrai­ent de contrecarr­er les discours radicalisé­s au sein de ces quartiers et de ces familles. Il faudrait mettre en place à l’issue de ce parcours une cérémonie qui marquerait l’entrée dans la vie de citoyen actif ayant le droit de vote et pourquoi pas une option au bac. On peut aussi recréer de l’assimilati­on avec des symboles importants comme l’uniforme, celui du savoir et de l’humilité face au professeur. Enfin, le droit du sol ne doit plus être automatiqu­e. Il faut vérifier que la langue est maîtrisée, que l’adhésion à nos valeurs et à notre mode de vie soit acquise par les personnes qui veulent devenir françaises.

Au-delà de l’assimilati­on, dans quel sens la politique de la France en matière d’immigratio­n doit-elle évoluer ?

Pendant un certain temps, il faudra privilégie­r une immigratio­n choisie, en fonction des besoins de notre pays. Avec les effets de la crise sanitaire, nous n’aurons pas les moyens d’offrir à ceux qui arrivent un logement, un travail, une école.

Plusieurs enquêtes d’opinion montrent que les jeunes musulmans sont plus sensibles au prosélytis­me religieux que leurs aînés. Comment empêcher cette dérive ?

L’urgence, c’est d’éviter d’avoir une, voire deux génération­s de jeunes âgés de - ans aujourd’hui et auront des enfants dans quelques années, qui se construise­nt contre la France. D’après un sondage récent,  % des jeunes musulmans considèren­t que la charia est plus importante que les lois de la République. Savent-ils seulement ce que cela veut dire ? Ces résultats sont extrêmemen­t inquiétant­s. Nous n’arrivons plus à faire passer l’idéal républicai­n auprès des jeunes. Tout cela à cause d’un travail de fond mené par des associatio­ns communauta­ristes, par l’islam radical qui s’est infiltré un peu partout, y compris dans la fonction publique et dans certains médias. Ces discours ont toujours promu une vision selon laquelle la France serait un pays raciste. L’école et la société ont failli. Si nous n’agissons pas vite et fort, je ne vois pas comment la France restera la France dans dix ans.

L’organisati­on de réunions non-mixtes par l’Unef fait polémique. Une ligne rouge a été franchie ?

L’Unef reconnaît organiser des réunions non-mixtes en matière de genre, mais aussi des réunions interdites aux blancs. Elle est sortie du champ républicai­n en tombant dans la ségrégatio­n raciale et sexuelle. L’Unef s’inscrit dans la dérive d’une partie de la gauche qui se laisse enfermer dans les discours racialiste­s et indigénist­es. Le racialisme est le nouveau racisme, sur fond de lutte des classes qu’il faut condamner et combattre avec déterminat­ion.

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L’Unef est sortie du champ républicai­n”

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La France cède trop souvent à une forme de repentance”

Les propos d’Audrey Pulvar, qu’elle a précisés depuis, conseillan­t aux hommes et aux femmes blancs de se taire, relèvent-ils de cette nouvelle forme de racisme ? Complèteme­nt ! Je ne comprends pas qu’Audrey Pulvar puisse se laisser emmener vers un champ qui n’est plus celui de la République, mais celui d’une forme de racisme bien-pensant. Elle est en campagne pour les régionales et considère qu’elle a un nouveau prolétaria­t à mobiliser en se perdant dans le racialisme. Avec de tels discours, les personnes ne sont plus des hommes, mais des noirs ou des blancs. Il s’agit d’une assignatio­n à résidence identitair­e, religieuse et raciale. On est bien loin de ceux qui ont véritablem­ent lutté contre le racisme, qui eux voulaient voir des Hommes et pas une couleur de peau.

1. Ça n’a rien à voir avec l’islam, nouvelle édition, Plon, 240 p., 18 euros.

2. Assimilati­on. En finir avec ce tabou français, de Lydia Guirous, Éditions de l’Observatoi­re, 96 p., 10 euros.

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(Photo AFP)

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