Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« Le courant est passé d’emblée »

En plus de ses engagement­s en MotoGP et Moto3 avec KTM, le team varois Tech3 remet les watts en MotoE. Un défi électrique confié au jeune pilote gardois Corentin Perolari. Rencontre

- PROPOS RECUEILLIS PAR GIL LÉON

Sans faire de bruit, la Coupe du monde FIM MotoE trace son sillon. Pour les machines électrique­s roulant en lever de rideau du MotoGP depuis , l’heure du top départ de la saison  sonnera dans trois semaines à Jerez (Grand Prix d’Espagne,  avril mai). Sur la grille, il n’y aura qu’une équipe française : Tech. Et un seul pilote tricolore : Corentin Perolari. À  ans, le Gardois, qui chevauchai­t une Yamaha R du team GMT  en Mondial Supersport ces deux dernières saisons, négocie un virage radical en rejoignant la structure varoise ancrée à Bormes-les-Mimosas. De quoi faire des étincelles d’entrée et retrouver le chemin des podiums à court terme ? Contact !

Corentin, comment s’est opéré le « branchemen­t » avec le team Tech ?

En fait, j’ai reçu un coup de fil d’Hervé Poncharal.

Il m’a proposé ce challenge différent et je l’ai accepté très volontiers.

J’avais justement besoin de nouveauté, de changement. Et puis c’était l’opportunit­é d’intégrer l’équipe Tech. Avec le staff technique, on a fait connaissan­ce début mars à Jerez, lors des premiers essais d’avant saison. Le courant est passé d’emblée. Ambiance familiale. On rigole entre les roulages et ça bosse dur quand il faut.

Que représente le team Tech pour vous ?

C’est tout simplement l’équipe qui porte haut les couleurs de la France en Grand Prix. Ils viennent de décrocher leurs deux premières victoires en MotoGP. Dans la catégorie reine, ce n’est pas rien ! Tech avait déjà marqué l’histoire en  avec le titre mondial .

Tenez, lors de ma première visite à Bormes-lesMimosas, cet hiver, Olivier Jacque était présent pour célébrer l’anniversai­re de Guy (Coulon, le directeur technique, cofondateu­r du team avec Poncharal et Bernard Martignac, ndlr). Dans les ateliers, j’ai aussi croisé quelques bijoux. Des anciennes . Superbes machines.

Revenons à vos premiers tours en MotoE à Jerez.

Par rapport à la Yamaha R que vous pilotiez en Mondial Supersport, on peut dire que c’est le jour et la nuit ?

Ah oui, c’est totalement différent ! L’absence de bruit ne m’a pas trop perturbé. En revanche, rouler sans passer les vitesses, au début, ça fait bizarre. Et puis il n’y a pas de moteur, donc pas d’inertie. Paradoxale­ment, cette machine assez lourde s’exploite comme une Moto, en privilégia­nt la vitesse de passage dans les virages. C’est assez étrange.

Et vous vous êtes adapté ? Mieux vaut trouver ses marques rapidement parce que vous roulez très peu en mode électrique.

Là, j’ai bouclé huit tours par séance. Et une soixantain­e au total en trois jours.

Bonne prise en main, tout de même. On s’y habitue facilement. À la fin, je me suis calmé, d’ailleurs.

Pas question de s’en coller une d’entrée de jeu !

Quelle était votre priorité ? Enquiller les tours sans se focaliser sur le chrono.

Pas de prise de tête avec les temps, le classement. Je voulais d’abord apprivoise­r la machine, assimiler son mode d’emploi.

La moto évolue-t-elle cette année ?

Non, je pense qu’il s’agit de la version initiale de l’Energica Ego Corsa mise en piste en . La seule modificati­on concerne les pneus puisque nous disposons de la gamme Michelin .

Vous avez pu accomplir une simulation de course ? Hélas, non. Les unités mobiles permettant de recharger la batterie sur la grille ne fonctionna­ient pas. Tout le monde était logé à la même enseigne. Partie remise lors du second test d’avant-saison fixé ce mois-ci, également à Jerez.

Six jours d’essais, ça suffit ? Vous serez prêt ? Il le faudra. On va mettre les bouchées doubles durant les trois jours restants. II y a pas mal de paramètres à optimiser, des détails à peaufiner pour gagner encore un peu de vitesse. Parce que je veux « performer » tout de suite. Être au top dès la première course.

Votre nouveau coéquipier allemand a déjà une

“Je

pense qu’avoir des pilotes jeunes et rapides aidera l’e-racing à devenir encore plus passionnan­t. Corentin, on le suit de loin depuis un certain temps. Il a le potentiel requis.

Il nous apporte son énergie, son dévouement. Il mérite cette opportunit­é qui peut donner un coup de boost à sa carrière. Je lui ai dit qu’il fallait viser haut, le podium, la victoire.”

HERVÉ PONCHARAL saison d’expérience en MotoE avec Tech. C’est un atout pour le rookie que vous êtes ? Je le vois comme ça, oui. D’autant qu’on s’entend bien avec Lukas (Tulovic,  ans, e de la Coupe du monde MotoE ) .Ilme donne des conseils, je lui fais part de mon ressenti, on parle de tout et de rien. Dans le box, ce ne sera pas la guerre. Tant mieux !

Votre objectif ?

Bon, je ne veux pas trop m’avancer. Pas de pronostic ! L’ambition, c’est de donner le maximum. Je ne vois pas pourquoi ça ne marcherait pas, même si la concurrenc­e s’annonce féroce. Il y a du niveau...

Vous allez courir en lever de rideau des Grands Prix. Envisagez-vous la MotoE comme un tremplin ? J’aimerais bien que cette expérience m’ouvre d’autres portes, en effet. Hector Garzo, pilote Tech en MotoE lors de la saison  (), évolue désormais en Moto. La passerelle existe.

TRAJECTOIR­E Corentin Perolari

Né le 13 avril 1998 à Bagnols-surCèze (Gard). 22 ans.

‘‘

Mieux vaut trouver ses marques rapidement parce que vous roulez peu ”

Moi, j’ai roulé en CEV Moto (le championna­t d’Europe). J’ai même disputé le Grand Prix de France Moto en  grâce à une « wild-card » (une invitation). Depuis , il n’y a plus de pilote français en Moto.

On verra ce que l’avenir nous réserve. En attendant, sept courses se profilent droit devant (*). À moi de savoir les négocier au

mieux.

Un championna­t MotoGP électrique dans le futur, c’est possible ? Vous arrivez à l’imaginer ? Difficile, même si la technologi­e progresse. À vrai dire, je vois plus de perspectiv­es en sport auto qu’en moto. Là, l’autonomie plafonne à sept ou huit tours. Et puis la machine pèse très lourd :  kilos (pour  chevaux) alors qu’une MotoGP en fait . Il y a encore du boulot...

‘‘

Je veux performer tout de suite, être au top dès la première course ”

* GP d’Espagne (les 30 avril, 1er et 2 mai à Jerez, 1 course) ; GP de France (14-16 mai, Le Mans, 1) ; GP de Catalogne (4-6 juin, Barcelone, 1) ; GP des Pays-Bas (25-27 juin, Assen, 1) ; GP d‘Autriche (13-15 août, Spielberg, 1) ; GP de Saint-Marin (17-19 septembre, Misano, 2).

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(Photo Tech) Corentin Perolari a mis les doigts dans la prise de la MotoE début mars à Jerez. Sa priorité ? « Apprivoise­r la machine, assimiler son mode d’emploi, enquiller les tours sans se focaliser sur le chrono. »
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(DR)

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