Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Les motards furibards contre le contrôle technique
Partis de Cannes hier après-midi, 600 motards en colère ont emprunté la nationale vers Antibes, traversé Villeneuve-Loubet, Cagnes-sur-Mer, pour se réunir place Masséna à Nice.
Encore une nouvelle pompe à fric ? Les 600 motards azuréens massés hier, en début d’après-midi, sur l’esplanade de la Pantiero à Cannes en ont comme l’impression. Et le crient haut et fort à l’unisson. Mais assurent être bien plus nombreux à le penser.
Comme dans d’autres grandes agglomérations de l’Hexagone, ils étaient tous mobilisés à l’appel de la FFMC, la Fédération française des motards en colère. Qui, par définition, mais pas par principe, ne sont – vous l’aurez compris – pas contents. Le 20 février dernier, la FFMC 06 avait déjà rallié plus de 600 motards sur la promenade des Anglais pour manifester contre l’interdiction de la circulation interfiles.
Directive européenne très critiquée
En cause cette fois, une directive européenne qui vise à instaurer, comme pour les automobiles, un contrôle technique. Et ce, dès le 1er janvier 2022. En réalité, l’Union européenne souhaitait une application dès 2020, mais la France avait obtenu un sursis de deux ans. Pourquoi un tel contrôle envisagé par l’Europe sur les deux et troisroues motorisés à partir de 125 cm3 de cylindrée ? Pour infléchir le taux de mortalité sur les routes grâce, notamment, à un meilleur entretien des véhicules.
Car, en 2019, toujours selon la Commission européenne, 22 800 personnes sont mortes à deux-roues en Europe et 135 000 ont été gravement blessées.
Or, pour Philippe Neveux, le coordinateur de la FFMC 06, le contrôle technique n’y changera rien. Déjà « parce que ce contrôle existe en Allemagne et l’on constate qu’il n’y apporte aucun bénéfice en termes de réduction des accidents. Ensuite, parce que tous les ans déjà, les conducteurs de deux-roues doivent effectuer une révision de leur engin ». Et pour démontrer, à son tour par le chiffre, que leurs machines sont bien entretenues, Philippe Neveux rappelle qu’en France « seulement 0,3 % des accidents à deux-roues (Photo Sébastien Botella)
motorisés sont dus à une défaillance mécanique ».
« , % des accidents à cause d’une défaillance mécanique »
Un pourcentage qui, bien sûr, ne prend pas seulement en compte des machines bichonnées chaque week-end par des passionnés, mais aussi l’ensemble des scooters adoptés comme simple moyen de locomotion au quotidien. D’autres efforts sont à privilégier de toute urgence «si l’on veut vraiment faire des progrès pour sécuriser la route et ses usagers à moto », assure Charles-Henri Chaillet, en plein cortège des manifestants. Membre du conseil d’administration de la Mutuelle des motards, ce dernier préconise « un entretien plus rigoureux des voies de circulation, en doublant les glissières de sécurité, etc. En commençant par réparer les nidsde-poule qui se multiplient comme des petits pains. Nous avons d’ailleurs organisé à Pâques une opération en ce sens, en déposant des oeufs dans les trous béants dans la chaussée que nous empruntons tous les jours ».
Les motards azuréens en colère en sont convaincus : ce contrôle technique « n’est qu’un moyen pour renflouer leurs caisses ateliers auto agréés », en mettant un coup de canif dans leur propre tirelire. D’ailleurs, le convoi vrombissant a marqué hier deux pauses devant des établissements de contrôles techniques. Histoire de faire passer le message et montrer son courroux.