Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Les montres n’auront qu’à aller se rhabiller…
Drôle de nom que celui de « rhabillage ». Il consiste, en horlogerie, à la révision complète de la montre. Explications avec la maison Masson, installée depuis 40 ans à Cannes.
Un instrument léger et portatif qui sert à indiquer l’heure. Un boîtier, muni d’un cadran et d’un mouvement d’horlogerie. Tout le monde porte ou possède une montre. Certains plus passionnément que d’autres. Christian Masson, lui, les répare depuis qu’il est tout jeune. « J’étais vraiment nul à l’école : impossible par exemple d’apprendre une récitation. En revanche, tout ce qui concernait l’horlogerie, je le lisais une fois et je savais tout par coeur. »
À son poignet, une Rolex. « Elle est toute rayée, il faut dire que je fais tout avec elle… » Dans ses tiroirs, ses placards, dans cet atelier, quelques montres qu’il collectionne : « Des vieux modèles originaux et puis des pendules atmosphériques. »
Son métier, Christian l’a appris chez un patron. « Quand je suis arrivé à Cannes, j’ai passé trois ans chez Lavigne. Puis j’ai ouvert l’atelier dans cet appartement du centre-ville. »
Sébastien Penasse aux commandes
C’était en 1981. Seul à l’époque. Et jusqu’à sept en tout dans cet atelier. Aujourd’hui, Christian Masson a passé la main à Sébastien Penasse. Mais travaille encore avec lui en mode transition. Et la maison a gardé son nom.
« Il va tout vous expliquer », dit le nouveau patron, avec un gentil sourire.
Méthodique dans l’explication comme dans le travail, Christian Masson commence par le bureau où a lieu l’enregistrement des montres à leur arrivée.
Sur un document préétabli, toutes les informations concernant l’identité ainsi que les opérations à réaliser sont répertoriées, que ce soit un changement de pièces, de pile ou une révision complète qu’on appelle aussi « rhabillage ».
Mais attention : pour pouvoir « rhabiller » une montre, il faut d’abord la mettre à nu.
Démonter le mouvement, nettoyer les pièces ou les remplacer, remonter le mouvement, huiler les rouages et pièces de contact. Et puis vérifier que la montre est réglée…
Chaque pièce examinée et rangée
Toutes ces étapes, Christian Masson les illustre en passant de poste en poste : le démontage avec Anne et Sébastien, penchés sur les montres, brucelles (sorte de pince à épiler) à la main et loupe grossissante (10 fois, 20 fois) sur l’oeil. « Parfois, on utilise le binoculaire, qui grossit 40 fois », explique Sébastien.
Chaque pièce minuscule est soigneusement examinée et remisée dans un petit panier à compartiments. Celles qui nécessitent un remplacement sont écartées. « Nous avons un stock de pièces détachées incroyable. Les pièces détachées sont le nerf de la guerre de l’horloger. » Les autres sont nettoyées dans différents bains : un bain de lavage et trois de rinçage, à base d’essence. Puis elles sont polies. « Nous avons acquis une super machine à polir : un lapidaire, à la manière d’une meuleuse pour diamants. Elle permet vraiment de reconstituer les pièces telles qu’elles étaient (angles et arrondis) à l’origine. »
Les pièces retrouvent ensuite les tables des horlogers pour être remontées.
Une fois rhabillées, les montres passent dans le simulateur de portée, permettant de vérifier (lorsque la montre se remonte avec les mouvements du poignet) qu’elle réagit normalement.
Une montre, ça tourne en permanence…
Difficile de donner un temps moyen passé sur la révision/réparation d’une montre : cela dépend de tellement de paramètres. « Il faut quand même préciser qu’une montre doit être révisée régulièrement. Elle « tourne » en permanence… (Photos Patrice Lapoirie) Comme une voiture. Encore que cette dernière, le soir, rentre au garage tandis que le balancier lui, continue de fonctionner… »
La maison Masson répare entre 5 000 et 7 000 montres par an. Elle est agréée pour de nombreuses marques de prestige : Chanel, Gucci, Boucheron, Audemars Piguet, Dior, Fred, Chaumet, Tagheuer, Hermès, etc.… Et spécialiste de nombreuses enseignes de luxe.
À son compteur depuis 1981, plus de 100 000 montres réparées.