Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
PORTE-AVIONS DÉJÀ À FLOT
La maquette du remplaçant du Charles navigue Premiers essais sur le lac de Castillon
Incroyable ! Quatre mois à peine après que le président de la République, chef des Armées, a validé le remplacement du Charles-de-Gaulle, le futur porte-avions français navigue déjà ! Tout du moins sa maquette au 1/30e. Avec ses 10 mètres de long, la coque peinte en jaune a l’air d’un gros jouet, vue des berges du lac de Castillon, dans les Alpes-de-HauteProvence. Un jouet de trois tonnes ! Mais les ingénieurs de la Direction Générale de l’Armement, qu’ils soient des Techniques navales, ou des Techniques hydrodynamiques, ne sont pas là pour s’amuser.
Étudier le comportement dynamique
Car c’est bien l’avenir du futur navire amiral de la Marine nationale qui se joue ces jours-ci dans l’écrin émeraude du lac alpin. Arrivé sur place à la toute fin mars, le modèle réduit du PANG – quatre lettres qui signifient porte-avions de nouvelle génération – subit des essais de manoeuvrabilité en eau libre. « Cette maquette a déjà fait l’objet d’essais en bassin, sur notre site de Val-de-Reuil en Normandie. Mais pour ces essais de manoeuvrabilité, on a besoin d’un plan d’eau plus vaste. Le lac de Castillon, où l’on dispose des installations du Sesac (Site d’essais sonars et acoustiques) est idéal », déclare l’ingénieur Romain (1). Chef du département dynamique à Val-deReuil, ce dernier détaille l’actuelle campagne d’essais qui se terminera en fin de semaine. « On est là pour étudier le comportement dynamique du futur porte-avions. Par exemple : mesurer son diamètre de giration ou son angle de dérive, voir s’il dérape dans les virages à grande vitesse. La maquette motorisée, équipée d’un GPS et d’une centrale inertielle, est autonome. On lui rentre des scénarios. Elle les effectue et on récupère ensuite les données pour les analyser ».
Déjà deux ans d’études
Les ingénieurs espèrent ainsi vérifier que le futur porte-avions, plus grand, donc plus stable, pourra virer serré à grande vitesse sans prendre trop d’angle. « C’est important pour la mise en oeuvre des avions. Si tel est le cas, le PANG n’aura pas besoin d’être équipé d’un système de compensation de gîte comme c’est le cas à bord du Charles-de-Gaulle », commente l’ingénieur Romain.
Mais un mystère demeure : comment cette maquette du PANG estelle déjà en mesure de naviguer si peu de temps après l’annonce d’Emmanuel Macron ? Comprenant l’étonnement, l’ingénieur en chef Claire (1), sous-directrice Affaires à la DGA Techniques Navales à Toulon, répond : « Pour aider les politiques à prendre leur décision, la DGA a été sollicitée en amont. Des études préliminaires ont été réalisées ces deux dernières années. Ces études, dont des simulations afin d’évaluer les performances, ont permis de définir les principales caractéristiques du porte-avions de nouvelle génération ». 1. Pour des raisons de sécurité, seul le prénom des personnels de la DGA est communiqué.