Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Dix recrues pour un changement de cap

La 8e place en Top 14 et la non qualificat­ion européenne sont encore en travers de la gorge des Toulonnais. À froid, le président comme le manager sont revenus sur les défaillanc­es de l’année.

- FABRICE MICHELIER

J «e suis marqué par cette saison ». À l’heure de dresser le bilan de la saison écoulée, Patrice Collazo a joué cartes sur table. Honnête, tout en prenant sa part de responsabi­lité. L’homme fort du RCT a semblé affecté. Mais pas abattu. Loin de là. « Je place les relations humaines au-dessus de tout, et il en manquait cette saison. Je suis de Toulon et j’ai une certaine image de ce que ce club doit être. Je suis marqué, c’est pour ça qu’il me tarde de recommence­r. J’entends les critiques, je vois que l’on a rendu les gens malheureux. Ce ne sera pas une intersaiso­n comme les autres. C’est peut-être la saison où j’ai le plus appris et celle qui m’a fait le plus mal aussi. »

« Pas de continuité »

Pour Collazo, évidemment, les « objectifs de la saison ne sont pas atteints. Nous n’avons pas eu de continuité dans la performanc­e et dans l’attitude. Et le premier fautif, c’est moi », confie-t-il. Avant de détailler : « Le cadre que j’avais mis autour de cette équipe n’était pas foncièreme­nt adapté aux joueurs sur toute la saison. Il l’a été par moments, ce qui peut expliquer aussi certains matches et le fait de rester dans les six pendant 70 % du temps. On a quasiment battu toutes les équipes du Top 14 sauf La Rochelle ».

Reste que le RCT n’a pas su confirmer l’exercice 2019/2020, arrêté à cause de la Covid, au moment où Toulon paraissait en pleine bourre. « On avait amorcé quelque chose de positif et on n’a pas réussi à retrouver cela cette année. On l’a senti au fil des matches avec des performanc­es en dents de scie. Il a fallu parfois un management dur et brutal pour placer des joueurs devant leurs responsabi­lités. On a répondu de manière sporadique. Mais le haut niveau c’est le long terme. C’est un management qui a vraiment ses limites et c’est une certitude », analyse le manager du RCT.

Quoi qu’il en soit, pour le président Bernard Lemaître, « il n’y aura pas deux saisons comme celle-là ». Si à aucun moment le patron du RCT a remis en cause le statut et le rôle de Patrice Collazo, il a lui aussi dressé un bilan sans appel du dernier exercice : « Durant 70 % de la saison, nous avons été entre la 6e et 3e place. Voilà pourquoi nous étions remplis d’espoirs. (...) sauf qu’à la conclusion, c’est un échec ». La conséquenc­e de défaites encore en travers de la gorge du président (les deux défaites face à Bayonne notamment) avec « ces 8 points qui nous manquent cruellemen­t à la fin ». Mais au-delà de ça, Bernard Lemaître a mis en avant ces matchs « qui ont insupporté tout le monde, et questionné les supporters à juste titre. Je pense à des matchs perdus avec 40 ou 50 pions… Ces choses ont une significat­ion : notre état d’esprit ne se manifeste pas à certains moments… Bref, dans ces conditions nous ne sommes pas Toulon. Toulon c’est une certaine éthique de comporteme­nt sur le terrain, connue et qui fait la réputation du club, et nous voulons la retrouver très vite ».

« Pas de supplément d’âme »

Cet état d’esprit semble par ailleurs intimement lié à ce que doit être Toulon. Au-delà du RCT. Une ville de caractère. Trop de fois, les équipes visiteuses sont venues à Mayol avec l’espoir de repartir avec des points plutôt qu’avec la crainte de rentrer chez eux avec des points… de suture. Sans prôner toute forme de violence, ce groupe doit prendre conscience du poids de ce maillot et de ce que représente ce stade. En ce sens, l’absence du public a certaineme­nt pesé lourd. C’est aussi l’avis de Patrice Collazo : « Tout le monde a joué dans un stade vide, mais au moins là, les joueurs ont mesuré l’importance du public de Mayol. Ce stade qui sonne creux… il vaut mieux avoir un Mayol qui encourage, ou même qui râle car ça te booste. Les joueurs ont pris conscience de l’importance du peuple toulonnais derrière eux. Car quand on n’est pas dans les clous, le public peut le manifester dans l’instant T et on peut rectifier le tir. Sur certains matches, on n’a pas su le faire car il manquait ce supplément d’âme individuel et collectif. »

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(Photo Luc Boutria) Collazo se dit « marqué » par cette saison.
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