L’instituteur dracénois Christian Troin s’essaye au polar avec bonheur

C’est d’abord par des nouvelles que Christian Troin est entré en écriture. Très vite l’envie de s’essayer sur plus long le titilla. Il se mit à l’ouvrage et son premier roman, « Le voyageur aux pieds nus », fut publié en 2018 chez Prestance. L’ancien instituteur, qui a fait toute sa carrière à Draguignan, y racontait, sur fond d’immigration italienne d’avantguerre, les aventures de Gasparine et Tonio, liés pour la vie. Christian Troin décidait de leur faire prendre la route du Mexique dans une suite intitulée « Le flamboyant de Veracruz » (Prestance, 2019), racontant l’épopée des habitants de Barcelonnette (Alpes-de-Haute-Provence), partis aux pays des sombreros faire fortune.

Leur histoire aurait pu s’arrêter là-bas, d’autant que Tonio y a laissé la vie… Mais vu le succès du livre, désormais vendu en reliure avec le premier tome, comment laisser les lecteurs orphelins de la jolie Gasparine ? La voilà donc de retour chez elle, à Barcelonnette. Fortunée mais seule. Enfin pas tout à fait. Enceinte de Tonio, elle donne vie à Adelin. Ainsi commence « Un été en Ubaye » (Prestance, avril 2021).

Suspects à la pelle

Ce dernier né de Christian Troin est un polar au scénario malicieusement ficelé : un beau matin de mai 1958, une bien mauvaise nouvelle met en émoi le village. L’ancien champion de ski, Pierre Ganfin, a été retrouvé mort au pied de la falaise du Grangon, « gigantesque museau de roche tendu vers le ciel, couronné d’énormes éboulis de pierre blanche, comme une écume qui s’écoule jusqu’aux premières forêts ».

Avec pour seul témoin une nature sauvage, merveilleusement décrite par l’auteur, le supposé accident de randonnée va laisser place à la suspicion d’un meurtre. La victime ne manquait pas d’ennemis. Ferdinand Capon, à qui il devait pas mal d’argent. Le fils de Gasparine, jaloux de voir tourner le bellâtre auprès de sa mère. Anselme, le jardinier amoureux fou de la maman d’Adelin, depuis sa tendre enfance. Ou bien encore Mathias, le « pas bien né ». Dépêché de Marseille, le commissaire Ragoni va vite se compliquer l’enquête en ayant beaucoup de mal à s’intégrer et comprendre cette région, inconnue de lui jusque-là. Au contraire de l’auteur, Christian Troin, qui la sublime dans une écriture aussi limpide et impétueuse que l’Ubaye.

Un été en Ubaye, de Christian Troin, 156 pages. édité par Prestance, 12 euros

(Photo B. D.) L’auteur dédicacera son livre à la librairie Lo Païs, le samedi  juin.