Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
France-Allemagne, une entrée en matière à haut risque
Les Bleus, champions du monde en titre, entrent en piste ce soir à Munich, contre l’Allemagne. Réduite à 22 % de sa capacité, l’Allianz Arena accueillera 14 500 spectateurs.
Trois ans après la conquête de Russie, il est enfin l’heure de l’Euro 2020 en 2021 et du grand frisson pour les Bleus, qui n’ont pas beaucoup changé depuis leur deuxième sacre mondial. De Moscou à Munich, où la France retrouve ce soir l’Allemagne, pour une affiche qui parle à toutes les générations et fait ressurgir un tas d’émotions, on a eu droit à des matchs de qualification à la pelle et à deux Ligues des nations, sorte de sous-Euro, ou plutôt de matchs amicaux améliorés, dont on n’a rien retenu.
S’ils ont connu quelques accidents de parcours (défaites en Turquie ou contre la Finlande au Stade de France), les joueurs de Didier Deschamps ont gardé un niveau de performances élevé durant ces longs mois sans grande compétition mais avec la Covid, qui rend cet Euro dans onze villes un brin cocasse pour rester poli.
Petites embrouilles de famille
L’ossature reste la même : Lloris ne déçoit jamais en sélection, le couple Kanté-Pogba semble avoir atteint sa plénitude, Griezmann se montre toujours plus clairvoyant en bleu qu’en blaugrana, Mbappé a pris trois ans, beaucoup de kilos de muscles, mais aussi le parti de Benzema, qui, lui, est revenu de nulle part, cinq ans et demi après sa dernière sélection. Cela n’a pas plu à Giroud, qui a mis son doublé contre la Bulgarie et les choses au clair après ce dernier match de préparation. Des petites embrouilles de famille qui ne trahissent pas d’un immense malaise en interne, mais plutôt de l’impatience de la star parisienne à s’imposer comme le taulier de l’équipe de France, ce qu’il n’est pas avec Griezmann et encore moins depuis que Benzema a été sorti du placard.
Or, si les Bleus veulent aller au bout, ils ont besoin d’un grand Mbappé, de celui stratosphérique de 2018 et de la deuxième partie de saison avec le PSG, de ses fulgurances et de son pouvoir d’accélération décoiffant que les Allemands cauchemardent, et notamment Hummels qui a été rappelé par Joachim Low pour son expérience mais certainement pas pour sa vitesse.
Refaire le doublé
Championne du monde en titre, la France s’avance comme le grand favori de cet Euro, ce qui ne veut rien dire de la fin. Elle rêve d’un triomphe à Wembley et, donc, d’un nouveau doublé, dans l’ordre inverse cette fois, ce que seule l’Espagne est parvenue à réaliser en 2008 et 2010. Pour cela, il faudra se sortir d’une poule complexe avec l’Allemagne en entrée, chez elle, la Hongrie, chez elle aussi, et le Portugal de Ronaldo, certes battu de fort belle manière en novembre dernier à Lisbonne. A cette époque, Rabiot signait un retour fracassant sous le maillot tricolore, Benzema ne l’envisageait même pas en rêve. L’Euro 2020 en 2021 n’était alors qu’un mirage entre deux confinements et une nouvelle vague de la Covid. Avec Kimpembe, qui a pris la relève d’Umtiti, Rabiot et Benzema sont les trois ‘‘nouveaux’’ du onze de Didier Deschamps par rapport à celui qui a triomphé à Moscou en 2018. La base est toujours là, donc, la confiance aussi et les espoirs de titre bien réels. Pour les Bleus, c’est le grand soir. Pour la France, l’occasion de se rassembler et de profiter de ces jours les plus longs.