Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Des « incivilités désarmantes »
Soudain, une odeur de fumée. C’est une cigarette. Au milieu des arbres qui bordent le Caramy, en plein coeur du massif forestier, Carole d’Antuoni se dirige à grand pas vers un couple, les pieds dans 20 cm d’eau.
« Bonjour Monsieur ! Je suis garde au parc régional de la Sainte-Baume. Je vous demande d’éteindre votre cigarette. Nous sommes en espace naturel. Toute source de feu est interdite. Toute l’année. »
Le Monsieur bredouille, vaguement interrogatif. « Heu… Je ne dois pas la mettre dans l’eau… » Non, effectivement. Puis il lâche : « Excusez-moi, je ne savais pas. »
L’écogarde ouvre la discussion. « Vous êtes du coin ? » – « D’Aix. » – « Vous êtes au courant du risque incendie ? » – « Non. » – « Aujourd’hui on est en orange, il y a un risque incendie. Quand c’est rouge, les massifs sont interdits. »
« Pas mal de déboires »
Patrouilles un peu particulières que celles des éco-gardes. Cet été, ils seront dix-huit, en binôme, à sillonner les points chauds de la Sainte-Baume. Leur credo est l’information, la pédagogie. Pour les petites imprudences comme les grandes incivilités.
« Les gens n’ont pas toujours l’impression d’être dans un massif forestier,
narre Carole d’Antuoni. Ces sites sont des petits bijoux. Le problème, ce sont les abus. »
C’est pourquoi, les gardes viennent d’être formés par la gendarmerie du Var. « Chacun joue sa participation, indique la lieutenant Marie Mongredien, qui commande la communauté de brigades de Saint-Maximin-la-SainteBaume. La formation vise à faire identifier les informations précises à nous transmettre. Cela passe par la position et la nature des faits qui posent problème. L’attitude des personnes et leur nombre. »
Cela n’a rien d’une situation hypothétique. La maire du Plan-d’Aups peut en témoigner. « Nous avons eu pas mal de déboires sur la commune. Quand on n’est pas habitués, on est un peu désarmés. »
Cet hiver, alors que le plateau était couvert de neige, les véhicules ont afflué. Non seulement des voitures nonéquipées de chaînes, mais aussi des quads. « J’ai voulu discuter avec cinq quads qui faisaient des burns [des dérapages] dans des champs cultivés ,relate Carine Paillard. Le ton est vite monté. » L’élue a été carrément menacée.
Son adjoint à la sécurité Alexandre Aribaud en témoigne, « l’épisode de la neige est symptomatique, révélateur. Les gens ne font aucun cas de l’endroit où ils se trouvent ».
Pour les quads, la procédure d’enquête est en cours. « Il est nécessaire qu’on sache qu’on risque d’être pris, si on ne respecte pas les règles, renchérit le sous-préfet Olivier Bitz. Même si ces comportements sont très minoritaires. »
Effet déconfinement
Riche d’une forêt ancienne, un massif rocheux surplombant, de panoramas époustouflants, le parc naturel régional de la Sainte-Baume est l’un des joyaux naturels du Var.
« Vous serez les yeux et les mains du parc. Ce n’est pas un simple job d’été, mais un engagement au service de l’intérêt général », a lancé Michel Gros, le président du parc régional et maire de la Roquebrussane.
Les phases de déconfinement ont révélé des difficultés, « des comportements très déplacés ».
De plus en plus apparaissent des conflits d’usage, « entre un public familial, en balade dominicale, et des motocross ou quads qui déboulent sur les chemins ». En pleine nature.